
photo : permission de l'artiste
Après les séries photographiques sur La Havane, la Louisiane et Tchernobyl, accrochées au Musée d’art contemporain de Montréal en 2009, Robert Polidori déploie, pour la première fois, la quasi-totalité de sa série Versailles à la Galerie de Bellefeuille. D’origine canadienne et vivant à Los Angeles, l'artiste a traversé l’océan à répétition pour arpenter Versailles sur une période de 26 ans. Les 40 clichés exposés ici captent les multiples étapes de la longue restauration du château.
Loin des ruines et autres vestiges d’ouragans, le photographe de la décadence s’intéresse ici aux effets du temps dans une perspective historique et organique, là où les traces sur les murs en font foi. L’œil de la caméra scrute attentivement les portes et les pièces pour en mesurer l’étendue. Il en résulte une cartographie minutieuse du présent imprimé dans le passé. Polidori fixe les miroirs se reflétant à l’infini à travers différents cadrages. Si les images exposées ici font surtout appel à l’équilibre, à des cadres soignés et à des images lisses, on peut, en feuilletant l’imposant Parcours muséologique revisité (650 reproductions en trois volumes de luxe) paru aux Éditions Steidl en 2009, constater la variété des sujets photographiés. L’artiste revient fixer le détail d’une pièce à diverses années d’intervalle. Il montre les murs dépouillés de leur coque, la décoloration d’une tapisserie que cachait jadis un tableau, puis les couches superposées de couleurs ayant recouvert les murs. Toutes les strates sont mises à nu et le berceau de la monarchie française se déshabille sous nos yeux.
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