Fonderie DarlingDu 19 septembre au 8 décembre 2019
Afin de souligner le dixième anniversaire de la résidence des Amériques, la Fonderie Darling invite cet automne la commissaire Marina Reyes Franco à présenter le travail d’artistes caribéens. Resisting Paradise propose alors une réflexion critique, historique et féministe sur la réalité complexe de ces peuples coincés dans une image de marque paradisiaque. Le projet de Reyes Franco met en relation les identités insulaires et leurs modes de vie autrement enclavés de manière à créer un espace de prise de parole et, conséquemment, de pouvoir.

Au moyen de plusieurs œuvres présentées, Joiri Minaya amalgame la représentation de la femme caribéenne à celle de la nature locale. La vidéo Siboney (2014) montre, sur l’air du même titre interprété par Connie Francis, l’artiste peignant une murale. Allongée, à la manière de l’odalisque d’Ingres, devant le fruit de son long labeur, l’artiste s’asperge d’eau avant de danser langoureusement contre la tapisserie encore humide. La référence culturelle européenne initie un pivot narratif où la combinaison de peintre s’apparente à l’uniforme des femmes de ménage alors que la danse semble rejouer l’effacement d’une culture derrière les préjugés exotiques. La sensualité chez Minaya amorce en effet la remise en question des perceptions. Les photos Container #2 et #3 (2016) présentent en ce sens une femme complètement recouverte d’un tissu moulant au motif de la flore indigène. La mise en scène classique des portraits tranche avec la posture lascive et le camouflage grotesque des habits. Le télescopage des clichés affirme le travail de construction et de mise en scène qui paradoxalement voile ce qui est donné à voir. En fait, la mascarade qui exhibe le corps sensuel le dérobe aussi aux sens. #dominicanwomengoogleresearch (2016) reprend ces formes corporelles et florales sur un mobile grandeur nature. Les corps morcelés, pixellisés et sexualisés sont mixés aux figures végétales de sorte que l’un et l’autre se confondent en un collage géant où se perdent les identités. La nature et les corps se résument à des objets transactionnels, soit les instruments de l’économie touristique qui dope ce paradis depuis la fin de l’esclavage.

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