Printemps de l’art contemporain, Contre-temps

Nathalie Desmet
Printemps de l’art contemporain, Contre-temps, Lieux divers, Marseille,
Du 17 au 19 mai 2013
Cellule516, Absalon-Habiter la contrainte, Marseille, 2013.
photo : Caroline Pelleti, © FLC
Printemps de l’art contemporain, Contre-temps, Lieux divers, Marseille,
Du 17 au 19 mai 2013
Le 5e Printemps de l’art contemporain organisé par le réseau Marseille expos était l’occasion de mesurer le dynamisme de ce regroupement artistique, à l’heure de la Capitale européenne de la culture 2013. Le parcours faisait la part belle aux nouveaux équipements de Marseille en faveur de l’art contemporain : l’agrandissement des surfaces d’exposition de lieux institutionnels phares, comme la Friche Belle de mai dont l’un des nouveaux espaces permet notamment d’accueillir des œuvres monumentales (Le Panorama) ou le nouveau bâtiment du Frac PACA, dessiné par Kengo Kuma, qui se dote enfin d’une grande surface d’exposition.

Pendant trois jours, un bouillonnement de propositions regroupant aussi bien des petites galeries associatives ou commerciales que des lieux de production (imprimerie, maisons d’édition…) ou des résidences habituellement fermées au public donnait une visibilité à la richesse artistique de la ville. Dans ce foisonnement, certaines entreprises méritent une attention particulière, soit pour la solution de rechange qu’elles offrent aux modes habituels de visibilité de l’art, soit pour l’engagement dont elles témoignent en faveur d’une démocratisation de l’art contemporain.

C’est le cas notamment de La Compagnie, qui fait depuis plusieurs années un travail de médiation important avec le quartier populaire dans lequel elle est implantée – et sans transiger sur la programmation, puisqu’elle présentait des vidéos de l’artiste turque Özlem Sulak. Dans un autre registre, la galerie Hors les murs (HLM) montrait le travail du graphiste Jean-Claude Chianale mené dans le cadre des ateliers de l’EuroMéditerranée, ateliers qui, ayant pour objectif de favoriser d’autres modèles de création pour l’art contemporain, ont conduit plusieurs artistes à travailler dans des structures non dédiées à l’art, dans tous les secteurs d’activités. Sa « bibliothèque périphérique », constituée de plusieurs carnets, donnait à voir les recherches graphiques réalisées avec les artistes en résidence. Le Printemps permettait ainsi au public de voir le travail mené dans des structures qui s’engagent dans une temporalité devenue rare dans le monde de l’art : celle qui favorise l’expérimentation comme étape préalable et nécessaire à la production, et dont l’association Astérides semble avoir fait son mot d’ordre. Le parcours permettait aussi de découvrir une exposition dans un appartement de la Cité radieuse de Le Corbusier. Même si l’aura du lieu suffit probablement à séduire, l’exposition Absalon – Habiter la contrainte est notable par son engagement ; en effet, elle ne fait pas que se visiter, elle met aussi à l’épreuve l’expérience même de la visite et de l’habitat en réponse aux questionnements d’Absalon. L’appartement est habité et on demande aux visiteurs d’y rester au moins 45 minutes, pour y vivre, y préparer un repas ou y faire une sieste… Confronter les modules d’habitation d’Absalon (Cellules) au Modulor de Le Corbusier, unité de mesure de l’adéquation entre l’homme et l’architecture – et faire vivre cette rencontre – est riche en prolongements…

Cellule516, Nathalie Desmet
Cet article parait également dans le numéro 79 - Reconstitution
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