Mika Rottenberg

Nathalie Desmet
Palais de Tokyo, Paris, du 23 juin au 11 septembre 2016
88_CR04_Desmet_Rottenberg_Palais de Tokyo, Paris
Mika Rottenberg Palais de Tokyo, Paris, 2016.
Photo : Aurélien Mole
Palais de Tokyo, Paris, du 23 juin au 11 septembre 2016

Mika Rottenberg produit un univers décalé mêlant des scènes de la vie réelle souvent liées aux dérives du travail mondialisé et aux scénarios imaginaires fabuleux. Pour sa deuxième exposition monographique à Paris, elle a choisi de présenter ses vidéos-installations à la périphérie de l’espace qui les accueille, comme si l’accrochage de ses œuvres résultait d’une force centrifuge, semblable au rythme intrinsèque de ses vidéos. Le centre de l’exposition, quasiment vide, ne laisse voir que quelques objets ou installations fonctionnant comme autant d’indices de ses obsessions. D’un mur sortent des cheveux rassemblés en queue de cheval, agités par une secousse frénétique (Ponytail, 2014). Plus loin, des gouttes de condensation s’échappent de blocs de climatisation pour s’écraser dans des poêles posées sur des réchauds électriques, produisant au passage un chuintement caractérisé (AC Trio, 2016). Des fentes horizontales percées dans un mur laissent aussi apercevoir des pales de ventilateurs de plafond en mouvement. Dans les vidéos de Rottenberg, ces éléments agissent comme les accessoires d’un monde dysfonctionnel. Dans Bowls Balls Souls Holes (2014), tournée en partie dans une salle de bingo de Harlem, ils s’insèrent dans une mécanique et un dispositif bien huilés où les espaces confinés, les fentes et les trous servent de cadre à la division de tâches absurdes dont la finalité échappe au spectateur. Le bingo est par exemple prétexte à fabriquer des pinces à linge colorées qu’un certain Mr Stretch, ayant la particularité d’avoir la peau la plus élastique au monde, reçoit par une trappe afin de les pincer en corole autour de son visage, avant de disparaitre lui aussi par l’effet d’une force centrifuge. Volontaires ou non, toutes les prouesses humaines semblent fasciner Mika Rottenberg. La goutte d’eau souvent composée de sueur – que l’artiste filme comme une idée fixe – sert de fil conducteur à ces performances réelles ou imaginaires : celle qui point, dont on attend la précipitation avec une petite anxiété intérieure et qui, en d’autres époques, a pu être l’instrument d’un supplice.

Cet article est réservé aux visiteur·euses connecté·es.

Créez-vous un compte gratuit ou connectez-vous pour lire la rubrique complète !

Mon Compte
Cet article parait également dans le numéro 88 - Paysage
Découvrir

Suggestions de lecture