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Les yeux dans l'eau, vue d'exposition, Galerie d'art Foreman, Sherbrooke, 2022.
Photo : François Lafrance, permission de la Galerie d'art Foreman
Galerie d'art Foreman, Sherbrooke
Sporobole, Sherbrooke
21 janvier au 26 mars 2022
Il y a un an déjà, une amie me fait découvrir l’ouvrage Thinking With Water1 1  - Cecilia Chen, Janine MacLeod, Astrida Neimanis, Thinking With Water, Montréal, McGill-Queen’s University Press, 2013.,  un recueil d’essais qui explorent la présence critique de l’eau dans nos vies. Ce fluide y est présenté comme agent relationnel, mais également comme outil méthodologique. Bien que les métaphores propres à l’eau aient été cooptées par le langage propre au capitalisme (liquidité, monnaie courante, etc.) dans une volonté de naturaliser les mouvements du capital, la définition de l’eau n’est pas statique ni immuable au changement. Les autrices de l’ouvrage, Cecilia Chen, Janine MacLeod et Astrida Nemanis, soutiennent que penser avec l’eau permet de surpasser la dichotomie anthropocentrique objet/sujet qui positionne inévitablement l’eau comme un objet inanimé, comme simple ressource à exploiter. 

La pensée autochtone pense avec l’eau depuis déjà bien longtemps. Vue comme parent, l’eau est un être cher avec lequel nous sommes unis par des liens filiaux et il nous incombe de le respecter et d’en prendre soin.2 2 - Melanie K. Yazzie et Cutcha Risling Baldy, « Indigenous Peoples and the Politics of Water », Decolonization: Indigeneity, Education & Society, vol. 7, n°1 (2018), p. 11. Mais comment devient-on un bon parent (a good relative) de l’eau ? Non seulement faut-il réfléchir de manière critique aux questions sociopolitiques qui entourent l’eau, mais il est également nécessaire de s’attarder aux besoins et aux envies de l’eau ; c’est dans cette foulée que Les yeux dans l’eau s’inscrit. Cette exposition collective regroupe des œuvres d’artistes aux pratiques autant variées que complémentaires. Présentée jusqu’au 26 mars prochain à la Galerie Foreman (Lennoxville) et au Centre en art actuel Sporobole (Sherbrooke),3 3 - Notez que si, faute de temps, vous ne pouvez visiter les deux lieux en personne, il vous est possible de visiter virtuellement la seconde exposition puisque la Galerie Foreman et Sporobole sont munis de casques de réalité virtuelle. l’exposition commissariée par Geneviève Wallen se penche sur la relationnalité inhérente aux milieux aqueux. L’eau est conceptuellement étudiée comme un liant entre humains, êtres plus-qu’humains4 4 - Le terme réfère aux entités autres qu’humaines ou non-humaines comme les plantes, animaux, bactéries, forces physiques, entités spirituelles,… Pour une définition plus complète, consultez Maria Puig de la Bellacasa, Matters of Care: Speculative Ethics in More Than Human Worlds, Minneapolis, Londres, University of Minnesota Press, 2017, p. 1. et environnements urbains et naturels. Les poèmes de Christine Sioui Wawanoloath nous introduisent à cette approche relationnelle de l’eau. Ponctuant l’opuscule de l’exposition, les strophes de la poétesse abénakise et wendat agissent comme fil conducteur. Elle explore les différentes incarnations de l’eau qui y apparaît comme mouvement, forme serpentine, et comme élément qui constitue nos corps et nous transporte.

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