Jacynthe Carrier
Aux alentours

Valentin Bec
Biosphère, Espace pour la vie, Montréal
du 3 juin au 5 novembre 2023
Jacynthe-Carrier-Aux-alentours
Jacynthe CarrierAux alentours, vue d'exposition, Biosphère, Espace pour la vie, Montréal, 2023.
Photo : Michael Patten, permission de la Biosphère, Espace pour la vie, Montréal
Biosphère, Espace pour la vie, Montréal
du 3 juin au 5 novembre 2023
Dans le cadre de sa nouvelle programmation intitulée Flots et dans sa volonté de faire dialoguer la science, l’art et l’action citoyenne, la Biosphère de Montréal accueille actuellement Aux alentours de Jacynthe Carrier, installation multidisciplinaire que l’artiste québécoise avait présentée pour la première fois en janvier 2023 au centre d’artistes autogéré Vaste et Vague, à Carleton-sur-Mer.

Lorsque l’on pénètre dans la salle d’exposition, on est d’emblée immergé·e dans l’ambiance sonore de l’œuvre qui accapare immédiatement notre attention : un montage vidéo rassemblant trois « manœuvres performatives », selon les mots de l’artiste, manœuvres réalisées et filmées entre 2019 et 2021 aux iles de la Madeleine, en Gaspésie et au Kamouraska. Trois rives, aux alentours desquelles l’eau du Saint-Laurent ou de son golfe, bien commun autant qu’horizon parfois menaçant1 1 - Je renvoie au travail de Jeanne Blackburn sur l’importance poétique et théorique de l’eau chez Jacynthe Carrier. Jeanne Blackburn, Embodying Water in the Anthropocene: Aquatic Immersion in the Work of Joan Jonas and Jacynthe Carrier, mémoire de maitrise, Université Concordia, 2022., scande le paysage, rythme notre immersion dans le littoral, pulse comme un pouls qui constitue une toile de fond à un espace unifié dans lequel s’ancrent l’imaginaire et le discours de Carrier. Mais surtout, trois espaces qui donnent à voir ce que l’artiste nomme des « paysages cicatrices », c’est-à-dire des lieux dont la constitution témoigne de la présence de l’être humain, de son passage ou de l’exploitation qu’il en a faite. Ainsi, au sud des iles, la majestueuse épave du Corfu Island gagnée par la rouille accueille des populations de mouettes et le ressac de la mer ; à Bonaventure, le bois de mer s’agrège aux digues artificielles tandis qu’à Rivière-Ouelle, où l’eau douce se mêle à l’eau salée, les falaises s’érodent du fait de la montée des eaux. Autant d’écosystèmes qui échappent à la dichotomie nature-ville, d’espaces liminaires qui font seuil, mettent en lumière les effets de l’Anthropocène et illustrent le « nouveau régime climatique2 2 - Bruno Latour définit le nouveau régime climatique comme « la situation présente quand le cadre physique que les Modernes avaient considéré comme assuré, le sol sur lequel leur histoire s’était toujours déroulée est devenu instable ». Bruno Latour, Face à Gaïa : Huit conférences sur le nouveau régime climatique, Paris, La Découverte (Les empêcheurs de penser en rond), 2015, p. 11. » qui conditionne désormais le vivant sur Terre.

Cet article est réservé aux visiteur·euses connecté·es.

Créez-vous un compte gratuit ou connectez-vous pour lire la rubrique complète !

Mon Compte

Suggestions de lecture