Dominique Pétrin
#pizzaparty

Dominique Allard
axenéo7, Gatineau
du 13 février au 13 mars 2013
Dominique Pétrin#pizzaparty, axenéo7, Gatineau, 2013.
Photo : Rémi Thériault
axenéo7, Gatineau
du 13 février au 13 mars 2013
Après un passage remarqué dans divers centres d’artistes au Québec en 2012, Dominique Pétrin réalise l’installation sérigraphique #pizzaparty sur mesure dans le cadre d’une résidence au centre axenéo7 à Gatineau en début d’année. Fidèle à son vocabulaire plastique, l’artiste multiplie les impressions aux couleurs vives, aux zébrures et aux motifs géométriques qui, une fois assemblées, accentuent la configuration de la pièce.

Le langage iconographique de l’artiste est aussi notoire ; elle juxtapose des éléments caractéristiques de l’occultisme, tels des cristaux semi-précieux, à ceux d’une esthétique kitsch, comme le verre à cocktail et le faux palmier, en passant par des images de la culture pop telles pizza, frites, et émoticônes intentionnellement pixélisées. L’assemblage in-cohérent entre les symboles permet de jouer sur une dichotomie de l’image cultuelle et culturelle et de semer le doute d’un mystère ou d’une énigme à résoudre, comme si la synthèse permettait de réguler le désordre apparent – d’ailleurs, le pictogramme d’une clé est souvent représenté dans les installations de Pétrin. Ainsi, par la reprise d’éléments formels et le traitement allover de la pièce, l’installation à axenéo7 s’inscrit dans la continuité du travail de l’artiste. Or, comme le laisse présager son titre, #pizzaparty se distingue des œuvres précédentes par sa dimension anecdotique, tandis que Pompéii MMXII (2011), Le jardin des Ombres (2012) et la monumentale fresque sérigraphique Palazzo II (2012) recouvrant les façades du bar Les Katacombes, renvoyaient à une forme de revival architectural. De manière subtile mais efficace, la trame narrative de l’installation repose sur deux courts « messages-textes » qui montrent l’échange entre deux protagonistes prenant le pouls d’une soirée manifestement festive.

Dès l’entrée, la réaction est physique. L’œuvre est percutante, même violente (comme une lumière stroboscopique). Spontanément, le corps entier est mis en action, appelé à se mouvoir constamment dans l’espace, tout comme le regard qui, devant la multiplicité des formes, des effets d’optique et des trompe-l’œil, n’arrive ni à se poser ni à concevoir l’installation en une seule image. Rarement une œuvre aura-t-elle si bien dialogué avec cet espace ouvert sur une grande fenêtre centrale : la relation entre le paysage artificiel de l’installation et l’espace naturel extérieur entraîne un parallélisme vertigineux entre le caractère chaotique, voire cacophonique du dedans et la tranquillité du dehors. Sous l’égide du outsider art et de l’art naïf, l’œuvre crue et expressive de Pétrin a pour fil rouge la spontanéité du geste, dont l’intention n’est pas de traduire une idée utopiste ou idéaliste du monde. Au contraire, le caractère expressif de #pizzaparty donne à réfléchir sur son cadre contextuel (le bruit des villes, la musique rock expérimentale, la mode), cadre qui, du coup, explique notre hâte de revoir le travail de Dominique Pétrin hors les murs, au cœur de la ville.

Dominique Allard, Dominique Pétrin
Cet article parait également dans le numéro 78 - Danse hybride
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