Bertille Bak
Abus de souffle

Camille Paulhan
Jeu de Paume, Paris
du 13 février au 12 mai 2024
Bertille-Bak
Bertille BakBoussa from the Netherlands 3, capture vidéo, 2017.
© Bertille Bak, ADAGP / Paris (2024)
Photo : permission de l'artiste, Galerie Xippas Paris, Genève & Punta del Este, & The gallery Apart, Rome
Jeu de Paume, Paris
du 13 février au 12 mai 2024
Une séquence de la vidéo Boussa from the Netherlands 1 (2017) pourrait être une excellente introduction à l’œuvre de Bertille Bak. Dans la cuisine d’une maison de la médina de Tétouan, au Maroc, un petit groupe de femmes se retrouve. Hors du contexte de travail où elles ont l’habitude de se côtoyer à décortiquer des crevettes, elles s’assoient autour d’une table et se mettent à discuter. Entre leurs mains expertes défilent ici aussi les précieux crustacés, dont elles récupèrent, cette fois, avec beaucoup de soin, les yeux, seule partie non exploitée dans l’industrie agroalimentaire. Cuits, séchés et peints au vernis à ongles, ces milliers d’yeux prendront place à l’intérieur de faux souvenirs de vacances, parodies de bouteilles de sable coloré du désert du Sahara, où ils dessinent un motif mêlant le drapeau marocain et celui des Pays-Bas. 

Une façon conjointement ludique et grinçante d’évoquer un périple aussi aberrant sur le plan humain qu’écologique : chaque année, des tonnes de crustacés sont décortiqués à près de 3 000 kilomètres de leur lieu de pêche en Europe avant de repartir dans l’autre sens pour être consommés, ironiquement, par des gourmets persuadés de déguster un produit « local ». Chez Bak, donc, il s’agit d’ouvrir l’œil, cette partie non rentable du corps, pour porter attention à ce qui est apparemment invisible.

Cet article est réservé aux visiteur·euses connecté·es.

Créez-vous un compte gratuit ou connectez-vous pour lire la rubrique complète !

Mon Compte

Suggestions de lecture