ART + TYPO
Vue d'exposition, VOX, centre de l'image contemporaine, Montréal, 2024.
Photo : Michel Brunelle, permission de VOX, centre de l'image contemporaine, Montréal
Vox, centre de l’image, Montréal
Du 23 février au 22 juin 2024
L’une des grandes obsessions du poète et réalisateur belge Marcel Broodthaers était la création d’un « nouvel alphabet ». Au-delà de la restructuration des signes, Broodthaers souhaitait renverser de cette façon les conventions qui traversent le consensus sur le langage et les discours culturels qui l’accompagnent. Le langage, on le sait, constitue une manière d’être au monde et ses implications sont, entre autres, gnoséologiques, affectives, identitaires et politiques. L’inclusion de texte dans le territoire des arts signifierait donc, dès ses débuts, non seulement une révolution dans les ressources expressives et les outils communicatifs de ce domaine, mais aussi un élargissement des spécificités médiatiques et de leur portée au sein de l’esthétique. On parle de la génération de langages hybrides, à mi-chemin, de langages capables de promouvoir des lectures de la réalité qui transcendent les frontières disciplinaires et commencent à penser le monde à partir de perspectives inexplorées.

C’est grosso modo le parcours que tente de tracer une exposition comme ART + TYPO. L’axe proposé par les commissaires Angela Grauerholz et Robert Fones met l’accent sur la composante typographique des œuvres (expérimentation sur la morphologie des polices, de l’écriture et du langage ; liens et emprunts entre les domaines du graphisme et de l’art contemporain). Cependant, au-delà de la composante typographique, ce sont les interactions entre image visuelle et texte qui se veulent la pierre angulaire de l’exposition et, plus précisément, la capacité de ces interactions à ouvrir les signifiants à la resémantisation en fonction des contextes dans lesquels ils s’inscrivent et des usages qu’en font des locuteurs et locutrices, des pouvoirs, des médias ou des traditions. Le poète péruvien Mario Montalbetti remarque, dans ce processus non automatique de génération de sens, un « différé » (diferido), c’est-à-dire une distance spatiotemporelle et créative qui s’installe entre le signifié et le signifiant.

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