Arno Gisinger
Topoï

Vanessa Morisset
Centre Photographique d’Ile-de-France, Pontault-Combault
du 20 janvier au 31 mars 2013
Arno Gisinger, Vétérans, 2007.
Photo : © Arno Gisinger
Centre Photographique d’Ile-de-France, Pontault-Combault
du 20 janvier au 31 mars 2013
L’exposition monographique Topoï d’Arno Gisinger, photographe autrichien installé en France, est de part en part habitée par la question du rôle des images dans l’écriture de l’histoire. Dans les espaces du CPIF, différentes séries réalisées de 1994 à aujourd’hui se croisent et entrent en résonance, suggérant une foule de réflexions sur l’appréhension d’événements passés encore douloureux, notamment la Seconde Guerre mondiale ou la guerre du Vietnam. Mais l’exposition révèle aussi une tension interne à l’œuvre, celle d’une photographie érigée en instrument d’enquête qui explore ses limites. À ce titre est présentée une recherche en cours sur le lieu du meurtre présumé de Blow-up, originairement situé à Paris par Julio Cortázar, auteur de la nouvelle dont s’est inspiré Antonioni. Gisinger rejoue le doute du photographe face à ce que révèlent ses propres clichés.

Dès l’entrée, une première installation composée de deux photographies – appartenant respectivement à la série Faux Terrain (1997) et à celle des Betrachterbilder (1998) – nous projette dans le questionnement de notre rapport à l’histoire. Collé au mur, un grand tirage sur papier-affiche donne à voir le détail d’un panorama très visité à Innsbruck, une vaste peinture représentant une bataille de l’armée austro-hongroise contre les troupes napoléoniennes, agrémentée au premier plan d’objets visant à rendre le spectacle plus vivant. Prenant le contre-pied de ce dispositif, Gisinger a photographié le panorama en noir et blanc, ce qui instaure une distanciation, dont on ne saurait dire si elle est aussi ressentie par la femme que l’on voit sur la deuxième image en couleur accrochée sur la première. Photographiée pendant sa visite du site, cette anonyme regarde la même peinture que nous, mais son visage n’indique rien de ce qu’elle lui inspire.

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Cet article parait également dans le numéro 78 - Danse hybride
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