Stina BaudinData Studies 2.1: We shall thank you to carefully examine and fit, 2023.
Photo : permission de l’artiste

Abstractions errantes

Adam Lauder

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Les artistes contemporain·es dénouent les fils qui relient l’abstraction à l’informatique et aux textiles. Récemment présentée au Musée des beaux-arts du Canada, l’exposition itinérante Histoires entrelacées : textiles et abstraction moderne offrait une ambitieuse contre-histoire de l’abstraction ancrée dans « la réalité de tous les jours¹ 1 - Lynne Cooke, « Histoires modernistes : tressées, entrelacées et alignées », dans Lynne Cooke (dir.), Histoires entrelacées : textiles et abstraction moderne, traduit de l’anglais par Christine Dufresne, Ottawa, Musée des beaux-arts du Canada, 2024, p. 2.» des arts de la fibre et du façonnement de soi [self-fashioning]. Longtemps négligé par les historien·nes de l’art, car considéré comme le produit d’un travail féminin, le tissu, ou plus précisément la chaine et la trame, commence enfin à être reconnu comme l’origine de ce symbole persistant de l’abstraction qu’est la grille.

Dans l’essai qu’elle signe pour le catalogue de l’exposition Histoires entrelacées, l’historienne de l’art médiatique Michelle Kuo met au jour les rapports entre la structure en grille du tissu et le rôle de l’informatique dans l’industrie du textile, passant des cartes perforées qui permettaient de programmer les métiers Jacquard au 19^e siècle aux circuits mondiaux de la mode éphémère contemporaine² 2 - Michelle Kuo, « Textilité et technologie », dans Lynne Cooke (dir.), Histoires entrelacées : textiles et abstraction moderne, traduit de l’anglais par Christine Dufresne, Ottawa, Musée des beaux-arts du Canada, 2024, p. 225-243.. Bien au-delà des œuvres en vedette dans Histoires entrelacées, les artistes contemporain·es explorent, chacun·e à sa façon, les rapports de proximité entre l’abstraction, les textiles et certaines pratiques algorithmiques connexes.