Julie Pellegrin
(Non) Performance. A Daily Practice

Camille Paulhan
T&P Publishing (Iconodules)
Monlet, 2024, 264 pages
Julie-Pellegrin
Julie Pellegrin(Non) Performance. A Daily Practice, page couverture, 2024.
Photo : permission de T&P Publishing, Monlet
T&P Publishing (Iconodules)
Monlet, 2024, 264 pages
Julie Pellegrin, critique d’art et commissaire d’expositions, vient de faire paraitre un recueil composé de huit entrevues avec neuf artistes, toutes intégrant la performance à leur pratique. Nées essentiellement dans les années 1970, elles ne sont pas rattachées à la catégorie contestable de « l’émergence », mais abordent leur travail avec un regard rétrospectif et réflexif. À chaque entretien, Pellegrin invente sa méthode, et ses questions donnent lieu à des pensées spécifiques, à partir de situations se rapportant aux liens qu’elle entretient avec les artistes : correspondance écrite avec Loreto Martínez Troncoso, marche en montagne avec Gisèle Vienne, journal documentant les expérimentations de Catalina Insignares et Myriam Lefkowitz…

Si l’ouvrage, n’étant pas un précis pour découvrir la performance, s’adresse déjà aux initié·es, il regorge de ressources précieuses pour envisager les enjeux de cette discipline aujourd’hui, chose plutôt rare dans le champ des publications francophones. Son introduction, sa conclusion, sa bibliographie comme ses appels de notes sont autant d’outils théoriques nécessaires, au-delà de son but premier, à savoir la constitution d’une archive de paroles dépassant la tendance à l’hypervisibilité déplorée par Béatrice Balcou dans l’entretien réalisé avec elle. On n’y verra d’ailleurs pas d’images des œuvres, Kapwani Kiwanga estimant pour sa part que « la performance ne peut pas être consommée à distance ». S’il fallait trouver un point commun entre toutes les artistes, ce serait peut-être celui-ci : une certaine radicalité dans les engagements qui s’abstiendrait de tout dogmatisme dans leurs performances. J’entends par là que toutes construisent un raisonnement singulier qui ne s’interdit pas les échecs : en témoignent avec beaucoup de sincérité Emily Mast, qui revendique le lâcher-prise, l’imperfection ou la vulnérabilité pour ses œuvres, ou Yael Davids, qui déclare avoir songé à arrêter la performance, ne supportant plus l’écart entre son ressenti en tant qu’artiste et le luxe d’être spectatrice.

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Esse 113 Plastiques - Plastics : Couverture arrière
Cet article parait également dans le numéro 113 - Plastiques
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