Bruno-Latour-&-Frédérique-Aït-Touati-MakeitWork
Bruno Latour & Frédérique Aït-TouatiMake it Work − Le théâtre des négociations, Théâtre Nanterre-Amandiers, 2015.
Photo : Martin Argyroglo

Le réalisme tactique du tribunal : l’art pour contrer les crimes climatiques

Marie J. Jean
Les dérèglements climatiques ­produisent une crise humaine profondément existentielle dont les symptômes se mesurent à l’écoanxiété que plusieurs ­ressentent aujourd’hui. C’est souvent avec ­impuissance que nous observons les ­répercussions du réchauffement de la planète et celles de la pollution et de l’exploitation ­barbare des ­ressources, qui entrainent déjà des cataclysmes en plus de causer ­l’extinction d’innombrables espèces. Une peur semblable était palpable pendant la guerre froide, l’arme­ment nucléaire ayant alors fait craindre l’extermination d’une grande partie de la vie sur Terre. Or, cette menace n’était qu’hypothétique en comparaison de ce que représentent maintenant les bouleversements climatiques1 1 - Naomi Klein approfondit la relation entre les deux phénomènes dans Tout peut changer : Capitalisme et changement climatique, Montréal, Lux, 2015, p. 27..

La Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), un groupe international indépendant, en arrive d’ailleurs au constat que plus d’un million d’espèces animales et végétales sont actuellement menacées de disparition. Des scientifiques évoquent même désormais le spectre d’une sixième extinction de masse. Devant cette éventualité, les institutions gouvernementales font souvent appel à la rhétorique de la résilience. Dotée d’une aura positive, cette notion se présente comme un vecteur d’adaptation susceptible de nous aider à surmonter les effets inévitables de la présente crise. Élever de la sorte l’individu résilient au statut de « héros » ne revient-il pas à se dérober à ses obligations envers les populations, la faune et la flore ? Le recours au concept de résilience ne serait-il pas, de ce fait, un paravent commode pour la politique néolibérale ?

Cet article est réservé aux visiteur·euses avec un abonnement Numérique ou Premium valide.

Abonnez-vous ou connectez-vous à Esse pour lire la rubrique complète !

S’abonner
Se connecter
108-Esse-Resilience
Cet article parait également dans le numéro 108 - Résilience
Découvrir

Suggestions de lecture