Joani Tremblay Darkness, Silence, and Nature as a Political Plan 2, 91,4 × 76,2 cm, 2020.
Photo : Jean-Michael Seminaro, permission de | courtesy of the artist & Galleria MLF | Marie-Laure Fleisch, Bruxelles

La peinture d’outre-tombe

Oli Sorenson
En 2012, à l’occasion de la publication par la revue Esse d’un numéro entièrement consacré à la peinture, paraissait mon premier article sur la disparition et la renaissance cycliques de cet art parmi les formes expressives qui comptent.1 1 - “The Idea of Painting,” Esse 76 (Fall 2012). À partir de cette impression qu’une technique peut se retrouver dans les limbes – entre la vie et la mort, pour ainsi dire –, j’en venais naturellement à considérer dans mon texte l’analogie du mort-vivant, du zombie, pour traduire l’idée que les peintres avancent à tâtons vers la reconnaissance artistique et la trouvent par hasard, au gré d’un sort jeté par les forces dominantes du marché. Incidemment, peu de temps après la parution de cet article, de nouvelles tendances ont commencé à se répandre depuis New York en appui à de jeunes artistes dont les œuvres, bien cotées sur le plan commercial, demeurent pourtant superficielles. Les premières apparitions de ce courant, abstraites, ont reçu l’étiquette de « formalisme zombie » et les suivantes, plus illustratives, celle de « figuration zombie ».

Walter Robinson, critique à l’Artspace Magazine, a été le premier à parler de formalisme zombie, dans un article de 2014. Il faisait référence à l’esthétique réductrice, quasi greenbergienne, des Lucien Smith, Jacob Kassay, Oscar Murillo et autres peintres de même inspiration alors en plein essor2 2 - Walter Robinson, “Flipping and the Rise of Zombie Formalism,” Artspace Magazine, April 3, 2014, accessible online.. Robinson observait que la production d’atelier de ces artistes adopte souvent un « simulacre d’originalité » consistant à ignorer les leçons du postmodernisme sur la dépréciation de la nouveauté, dont la valeur, aujourd’hui, est considérée comme quasiment nulle. Mais les formalistes zombies n’ont pas tant relancé la quête de l’originalité en art que réagi au besoin de réaliser des « premières ». Ainsi, dans une suite de jalons superficiels, Smith a été le premier à se servir d’extincteurs emplis de peinture pour exécuter ses Rain Paintings (2012) et Kassay a inauguré l’usage de l’électroplastie sur toile avec sa série Silver Monochromes (2012).

Abonnez-vous ou connectez-vous à Esse pour lire la rubrique complète !

S’abonner
Se connecter
Cet article parait également dans le numéro 102 - (Re)voir la peinture
Découvrir

Suggestions de lecture