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Islamité et sexualités : l’art d’Ebrin Bagheri
Pour résister aux forces coloniales et à l’impérialisme, l’homosexualité au Moyen-Orient a été, au fil de l’histoire, convertie en une catégorie identitaire illégale – une catégorie qui, de l’avis de plusieurs, n’existait pas avant que les contacts avec les voyageurs et explorateurs occidentaux ne s’intensifient. Il importe de comprendre comment l’apparition de l’Internationale gaie a coïncidé avec celle des études sur les sexualités gaies occidentales. Ces questions sont toutes à l’avant-plan dans l’étude des sexualités de l’islamité1 1 - Hodgson voit un problème dans l’utilisation non spécifique des mots « islam » et « islamique ». Il estime que plus on parle d’art islamique, de littérature islamique et de sexualité islamique, moins on parle de l’islam comme foi. Du point de vue géographique, parler d’« islamité » (Islamicate) permet de déplacer la conversation en dehors du Moyen-Orient, pour rejoindre d’autres régions où l’islam domine religieusement et culturellement, comme l’Iran et certaines régions d’Asie. Voir Marshall G. S. Hodgson, The Venture of Islam: Conscience and History in a World Civilization, Chicago, University of Chicago Press, 1974, p. 57–59.. En parlant d’« islamité » (islamicate), Marshall Hodgson ne renvoie pas directement à la religion elle-même, mais plutôt aux complexités sociales et culturelles traditionnellement associées à l’islam, qui touchent également musulmans et non-musulmans de ces régions. Ce n’est qu’en gardant l’impérialisme à l’avant-plan de l’étude des sexualités que l’on peut mieux situer comment les codes sexuels de l’islamité prémoderne ont résisté à la colonisation complète et survivent dans la diaspora.