
Photo : permission du Centre Sagamie, Alma
Montréal, 2024, 180 pages
[In French]
En 2018, Yann Pocreau entame l’une des premières résidences artistiques offertes à l’Observatoire du Mont-Mégantic. Celle-ci aura un effet saisissant sur l’artiste, alors projeté devant l’incommensurabilité du cosmos que révèlent les miroirs d’un télescope et l’expertise d’astrophysicien·nes. Réunissant des œuvres récentes ainsi que des essais par Olivier Hernandez, Gaëlle Morel et Jean-Michel Quirion, Les épreuves élémentaires témoignent de l’influence de cette expérience sur la pratique de l’artiste, pour qui la lumière et son spectre deviennent les outils à partir desquels réfléchir notre conception du monde.
L’ouvrage propose une représentation éloquente de la finitude et du temps, notamment avec une sélection d’images provenant du corpus Les impermanents (2017-2021). Ouvrant la publication, cette série se compose de cartes de visite du 19e siècle trouvées par l’artiste, cartes qu’il perfore à l’aide d’une aiguille et dont les percées reproduisent une constellation d’étoiles. Les portraits anonymes, assombris et brouillés par les trous, forcent le regard à capter le peu de lumière reflété sur la page pour en tirer des indices sur la personne photographiée. Pocreau y revisite non seulement une tradition photographique vernaculaire, souligne la conservatrice et historienne de l’art Gaëlle Morel, mais agit également à titre d’« artiste-archiviste » par la revalorisation d’archives oubliées, détournées et inscrites dans un récit collectif. La juxtaposition de ces portraits à une photographie de la nébuleuse planétaire M27 évoque par ailleurs l’idée d’impermanence de même que la circularité cosmique des éléments.
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