Lola Gonzàlez
Efxaristo poli

Camille Paulhan
Fonds régional d’art contemporain Poitou-Charentes, Angoulême
du 28 juin au 3 novembre 2024
Lola-Gonzalez
Lola GonzàlezEfxaristo poli, vue d’exposition, Fonds régional d’art contemporain Poitou-Charentes, Angoulême, 2024.
Photo : Arthur Pequin, permission Frac Poitou-Charentes
Fonds régional d’art contemporain Poitou-Charentes, Angoulême
du 28 juin au 3 novembre 2024
[In French]

Il y a quelque chose d’un peu effrayant à commenter comme si de rien n’était le travail d’une jeune artiste qui présente sa première exposition personnelle dans un fonds régional d’art contemporain français, à un moment où le pays risque de basculer politiquement, et les forces d’extrême droite, de s’engager à fermer ces mêmes lieux. Mais l’exposition de Lola Gonzàlez arrive à point nommé, car impossible de faire comme si de rien n’était en découvrant ses œuvres.

Depuis plusieurs années, l’artiste réalise des vidéos où le langage, verbal ou corporel, occupe une place prédominante, même s’il s’agit de langues inventées ou de chorées inquiétantes. Dans ses dystopies, les personnages semblent souvent esseulés au milieu de paysages fantomatiques ou dévastés : dans Tonnerres (2022), un drone moucharde depuis le ciel une bande de jeunes gens dont les corps sont parfois pris de mouvements incontrôlables. Les anges (2017) met en scène deux hommes qui rampent au cœur d’une ville désertée et qu’un troisième tâche de relever : ils se déplacent avec peine tandis que leur compagnon les soutient dans leur lent apprentissage. Les lieux que filme Gonzàlez, souvent d’une grande beauté (la vallée de la Roya, le désert californien…), sont asséchés de tout substrat touristique. La contemplation est ailleurs – dans le regard des deux hommes de la vidéo Les anges, amenés à s’arrêter devant un coucher de soleil, par exemple. Mais cette concentration n’est pas là pour servir des intérêts photogéniques : si les personnages observent hors champ avec autant d’intensité, c’est aussi pour incarner avec une rare puissance la solastalgie face à ces espaces. Quelque chose a été perdu qui ne se retrouvera pas.

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This article also appears in the issue 112 - Dreams
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