
Photo : Camille Paulhan
du 19 novembre 2024 au 1er février 2025
[In French]
Que restera-t-il de l’exposition personnelle de Florence Jung une fois ses portes refermées, en février prochain ? Fort peu de choses : quelques lettres en adhésif noir à décoller des cimaises ou des sols, un congélateur à débrancher (et son contenu à jeter à la poubelle) et sans doute une bonne couche de sébum sur les grandes baies vitrées du lieu, tant il fallait chercher ailleurs où se trouvaient les œuvres. Et encore, il faudrait que la définition de ce que peut bien être une « œuvre » demeure stable, alors que tout vacille ici.
Depuis une dizaine d’années, l’artiste imagine ce qu’elle nomme des scénarios, simplement documentés par quelques lignes sans fioritures. Pour cette exposition, huit situations sont proposées, que l’on considèrera, selon sa capacité d’attention, comme totalement antispectaculaires ou parfaitement spectaculaires. Qu’on en juge : « Un employé veille sur un cœur de porc placé dans un petit congélateur au cinquième étage. » Étant donné que les espaces d’exposition de la Fondation d’entreprise Pernod Ricard sont au rez-de-chaussée, il faut se dire que plusieurs dizaines de mètres au-dessus de sa tête, un être humain monte la garde auprès d’un cœur de porc dument congelé. Il faut aussi accepter de ne pas voir pour croire, puisque aucune image n’accompagne le protocole. Un autre : « Une personne est enfermée derrière cette porte », porte située dans une cimaise et dont émane un mince rai de lumière. J’imagine que je ne serai pas la seule à coller mon front à celui-ci dans l’espoir d’apercevoir une ombre, une confirmation par l’expérience.
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