Baxter& Re: vue d’exposition, Galerie Nivet-Carzon, Paris, 2014.
Photo : © Catherine Radosa, permission de la Galeri
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À la faveur de plusieurs expositions et publications, une riche réflexion sur l’art conceptuel canadien se développe cette année à Paris, à commencer par Get Hold of This Space : la carte de l’art conceptuel canadien au Centre culturel canadien (voir N. Desmet, esse no 81, p. 132). Avec Baxter& Re : accrochage et la publication Re : vers une histoire mineure des performances et des expositions (it: éditions, 2014), qui n’est pas tant un catalogue que la suite de l’exposition – à moins que ce ne soit l’exposition qui prolonge visuellement la publication, c’est la pratique artistique d’Iain Baxter& qu’on redécouvre.
Baxter& Re:
Vue de l’exposition, Galerie Nivet-Carzon, Paris, 2014.
Photo : permission de la Galerie Nivet-Carzon, Paris
Baxter& Re:
Vue de l’exposition, Galerie Nivet-Carzon, Paris, 2014.
Photo : permission de la Galerie Nivet-Carzon, Paris

Les oeuvres présentées dans la galerie rappellent qu’à la différence des artistes conceptuels qui écrivent et nient l’impact de la forme, Baxter& interroge les choses, les paysages, les corps et la société grâce à des dispositifs et des structures et en utilisant de manière expérimentale la photographie. Comme le souligne Christophe Domino dans Re : « il pense artistiquement et pas discursivement ». Une photographie dans un caisson lumineux (bien avant Jeff Wall) et des polaroïds de voyages au Canada et aux États-Unis font sentir à quel point, chez lui, réflexion et perception sont liées. Une affiche de 1969 évoque la N.E. Thing Co., structure qui, en parodiant celle de l’entreprise, inaugurait avec humour une réflexion critique sur la spécificité du travail artistique. Une vitrine est consacrée au catalogue de l’exposition Celebration of the Body, organisée par Baxter et sa femme, Ingrid, en 1976, année des Jeux olympiques de Montréal. Des planches issues de cette édition composée par les artistes donnent à voir des corps dans une multiplicité de contextes, artistiques ou non : femme nue signée P. Manzoni, sportifs en action en référence aux JO, clichés médicaux… L’hétérogénéité des sources invite à rapprocher ce catalogue de l’iconologie amorcée par Aby Warburg.

Baxter& Re:
Vue de l’exposition, Galerie Nivet-Carzon, Paris, 2014. Photo : permission de la Galerie Nivet-Carzon, Paris

Quant à l’ouvrage dirigé par Fabien Pinaroli qui fait pendant à l’exposition, il reprend sous forme de livre des lectures-performances organisées en 2012 à Londres, qui elles-mêmes reprenaient l’exposition Celebration of the Body. Dans cette cascade de « re », reprises et retranscriptions parfois très astucieuses (surimpressions, passages biffés) des performances, l’ouvrage propose une réflexion sur l’acte même de reprendre, comme déplacement et moyen d’échapper à la réification. Par exemple, les premières pages affichent un texte de Foucault photocopié, dans lequel le philosophe refuse la réécriture d’une préface d’un de ses livres, à cause de l’effet autoritaire que cela produit sur la lecture. Ce choix éditorial ne fait-il pas remarquablement écho à la performance Press-Release, réalisée par Baxter& devant une assemblée de critiques d’art en 1970 ? Au lieu de proposer une clé de lecture de son travail, il avait invité l’auditoire à se relâcher (re-lâcher ?) en effectuant des gestes dignes du yoga…

Baxter& Re:, Ian Baxter, Vanessa Morisset
Baxter& Re:, Ian Baxter, Vanessa Morisset
This article also appears in the issue 83 - Religions
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