Les textes proposés (de 1 500 à 2 000 mots maximum) peuvent être envoyés en format lettre US (DOCX ou RTF) à [email protected]. Veuillez inclure, à même le texte, une courte notice biographique (35 mots), un résumé du texte, ainsi que votre adresse courriel et postale.

Les personnes qui aimeraient d’abord soumettre un résumé d’intention (250-500 mots) sont invitées à le faire au moins 3 mois avant la date de tombée, soit les 10 janvier (pour la tombée du 1 avril), 1 juin (pour la tombée du 1 septembre) et 1 octobre (pour la tombée du 10 janvier). Notez qu’aucune proposition ne sera lue après cette date, toutefois, les auteur·es qui n’ont pas proposé de note d’intention peuvent soumettre un texte complet à la date de tombée du numéro. Les propositions non afférentes au dossier Abstractions (critiques, essais et analyses sur différents sujets en art actuel) sont aussi les bienvenues (voir la politique éditoriale). Un accusé de réception sera envoyé dans les 7 jours suivant la date de tombée. Si vous ne l’avez pas reçu, nous vous invitons à communiquer avec nous pour vérifier la réception de votre texte.

No. 113 : Plastiques
Date de tombée : 1er septembre 2024

Le plastique, dont l’invention remonte au 19e siècle, fait uniquement partie intégrante de notre vie depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. À cette époque, les possibilités qu’offre ce nouveau matériau explosent dans tous les marchés et les consommateurs et consommatrices en demandent toujours plus. On imagine même des maisons entières faites de plastique : en 1956, les architectes Alison et Peter Smithson présentent « la maison de l’avenir » à la Daily Mail Ideal Home Exhibition, à Londres. Compte tenu de la rapidité et de la voracité avec lesquelles le plastique s’empare des imaginaires, on peut se demander si notre but n’était pas de fusionner l’humanité avec cette invention à la fois durable et malléable. Aujourd’hui, nos corps sont chargés de plastique : des chercheurs et chercheuses ont récemment découvert des particules de microplastique dans le sang humain. Nous consommons le plastique. Nous en achetons et en utilisons, mais nous en buvons et en mangeons également. La prolifération du plastique dans les environnements terrestres et marins modifie l’écologie de la planète et altère la biochimie des organismes vivants – nous nous transformons littéralement en plastique.

Le mot « plastique » est lié au concept élastique de la plasticité, terme dont le sens a varié au cours de la dernière décennie, selon qu’il est employé dans le domaine de la philosophie féministe des sciences, des nouveaux matérialismes ou des études queers et trans. Dérivée du grec plassein, qui signifie à la fois « donner » et « recevoir » une forme, la plasticité caractérise la malléabilité des systèmes vivants. Les théoricien·nes féministes et queers vantent sa promesse intrinsèque : la déstabilisation des formes figées ou essentielles dans les registres du genre, du sexe et de la neurobiologie. De la chirurgie plastique d’affirmation de genre à la mutabilité du genre, la plasticité, voire le plastique, est indéniablement queer.

Même si la malléabilité du plastique indique une variation des processus et des formes, la production industrielle de ce matériau est devenue un marqueur géologique permanent de l’anthropocène. Le plastique étant produit à une échelle plus grande que tout autre matériau en raison de sa résistance intrinsèque et de son utilité, les géologues se basent sur les particules de polymère pour localiser le début d’une nouvelle époque géologique – celle du plastique ou « plasticocène ». Les chaines carbonées qui composent le plastique le rendent extrêmement durable – un de ses principaux attraits, mais aussi un grave défaut. En effet, nous vivons avec plus de déchets de plastique que ce que la planète peut supporter, et nous continuons de produire ce matériau à une vitesse telle que nous n’avons pas le temps de le recycler et de le réutiliser. En 2008, dans l’éditorial du numéro 64 (Déchets), la rédactrice en chef parle de l’inquiétude face à cette crise. Elle explique que les artistes et les auteurs et autrices de ce numéro perçoivent le déchet comme « un objet riche (ou lourd) de sens, possédant un important bagage culturel et historique, le potentiel de susciter la réflexion et le pouvoir d’être transformé en œuvre d’art ». Les artistes travaillent avec des matériaux recyclés et réfléchissent au recyclage depuis les premières sociétés humaines. Même si leurs efforts sont inspirants et mènent parfois à de nouvelles percées dans la création artistique, il est difficile de ne pas s’abandonner au défaitisme. Pendant que les entreprises échappent à la surveillance gouvernementale et contournent les règlements, ce sont les consommateurs et les consommatrices qui portent le poids de la responsabilité.

Les possibilités qu’offre le plastique sont infinies. C’est peut-être pour cela qu’il a été proclamé matériau du futur lorsque les Smithson ont présenté leur maison-spectacle. Or, cette maison était une simulation. Elle nous rappelle que le mot « plastique » est rapidement devenu synonyme de superficiel et artificiel. Pour beaucoup de gens, le plastique représente un idéal inatteignable : la beauté éternelle, l’immortalité, l’existence douce et brillante d’une bimbo. Cette préoccupation se reflète notamment dans la série d’autoportraits de l’artiste contemporaine Cindy Sherman, série issue d’une expérimentation récente des filtres Instagram. Par ailleurs, il va sans dire que la chirurgie plastique offre des possibilités incroyables. Un accès sûr à la chirurgie d’affirmation de genre est crucial, mais les modifications corporelles devraient aussi être accessibles. Pensons par exemple à l’artiste « charnelle » Orlan ou à la musicienne et artiste de la performance Genesis P-Orridge et sa partenaire, Lady Jaye Breyer P-Orridge.

Pour le numéro 113, Esse arts + opinions invite les auteurs et autrices à considérer le sujet étendu du plastique et à soumettre des textes qui l’envisagent en tant que matériau, vision du monde, philosophie de vie ou pratique artistique. De quelle façon les artistes repensent-ils et elles leurs pratiques autour du plastique ? Comment interviennent-ils et elles dans un monde plastifié ? Y a-t-il du charme dans les déchets ? Que peut nous enseigner le plastique ? Qu’avons-nous appris de lui jusqu’à présent ? Sommes-nous lié·es à lui au point de ne plus pouvoir nous imaginer la vie sans lui ? Notre propre plasticité peut-elle nous aider à nous sortir de la crise actuelle ?

Les textes proposés (de 1 500 à 2 000 mots maximum) peuvent être envoyés en format lettre US (DOCX ou RTF) à [email protected] avant le 1er septembre 2024. Veuillez inclure, à même le texte, une courte notice biographique (35 mots), un résumé du texte, ainsi que votre adresse courriel et postale. Un accusé de réception sera envoyé dans les 7 jours suivant la date de tombée. Si vous ne l’avez pas reçu, nous vous invitons à communiquer avec nous pour vérifier la réception de votre texte.

Les personnes qui aimeraient d’abord soumettre un résumé d’intention (250-500 mots) sont invitées à le faire avant le 1 juin.

Les propositions non afférentes aux dossiers (critiques, essais et analyses sur différents sujets en art actuel) sont aussi les bienvenues (consultez la politique éditoriale).

No. 114 : Abstractions
Date de tombée : 10 janvier 2025

Né du désir de représenter le monde, voire d’en tenter l’interprétation, l’art n’a cessé de se buter à l’impossible réalisation de ce projet figuratif utopique. De cette tension irréconciliable entre la réalité et toute tentative pour la restituer par l’imitation nait une multitude de stratégies, de formes et de moyens qui ont fait de l’art un objet hétéroclite en constante mutation. En effet, toute pratique artistique semble se justifier sur la base de sa capacité propre à abstraire une vision spécifique du monde. Dans cette optique, l’abstraction en tant que mouvement artistique défend cette volonté d’un retour à l’essence de l’art en tant que tel.

L’art abstrait à proprement dit fait officiellement son apparition en Occident au tournant du 20e siècle, sous la gouverne de Wassily Kandinsky, artiste russe dont la pratique picturale subversive lui aura valu l’exil. Dans un véritable pied de nez aux tentatives millénaires tournées vers la recherche d’une restitution du monde visible par une imitation mimétique, Kandinsky prône une pratique intériorisée de la peinture, guidée à la fois par la matière enfin libérée des contraintes de la représentation, et par la subjectivité de l’artiste. 

Dans le grand récit de l’Histoire de l’art occidental, donc, l’abstraction s’est définie en opposition au réalisme pictural et, incidemment, à la figuration, usant de formes géométriques, de couleurs en aplats et de lignes déconstruites pour remettre en cause le monopole de la représentation. C’est la création même qui s’émancipe des injonctions esthétiques et institutionnelles, en consolidant les bases critiques jetées par les avant-gardes. Autonomie de la forme, couleur libérée de l’emprise séculaire du dessin, déconstruction de la perspective, déhiérarchisation des plans, penchant marqué pour l’autocritique et l’autoréférentialité, agentivité de la matière et du support : nulle surprise de voir l’abstraction ressurgir avec autant de vigueur (et de déclinaisons) aujourd’hui. L’engouement actuel des artistes eu égard aux théories néomatérialistes et à l’expressivité de la matière est en ce sens fort éloquent.

En effet, les dernières années témoignent d’un regain d’intérêt certain pour l’abstraction, réinjectée d’une charge militante et engagée qu’on ne lui avait certainement pas connue à ses débuts, cantonnée qu’elle était dans une métacritique de l’art occidental faisant l’apologie du figuratif. Si la pertinence de cette introspection critique demeure toujours aussi fondamentale pour la théorisation de l’art, la récupération du concept d’art abstrait englobe aujourd’hui la production d’une communauté artistique des plus diversifiée. Pourquoi ce regain d’intérêt ? Qu’est-ce qui fait que l’abstraction interpelle encore les artistes ? Quelle « liberté » génère-t-elle face à la contrainte narrative, qui serait le propre de la figuration ? Est-ce que les pratiques formalistes trouvent leur place dans l’art actuel ? Serait-ce plutôt au cœur de cette dissolution du figuratif que résiderait toute la charge politique de l’abstraction ? Doit-on, suivant cette dissolution, toujours aborder l’abstraction de manière duelle, avec son pendant, la figuration ? L’abstraction doit-elle, comme le défendaient l’historien d’art Clément Greenberg et ses épigones, encore et uniquement se définir par l’irréductibilité de l’art à ses moyens ? Ou alors, l’art abstrait doit-il être politique ? Ne l’a-t-il pas toujours été ? Esse invite les auteur·es à aborder ces questions ou d’autres qui se rattachent à cette problématique à travers leur analyse de pratiques artistiques actuelles ou récentes.

Les textes proposés (de 1 500 à 2 000 mots maximum) peuvent être envoyés en format lettre US (DOCX ou RTF) à [email protected] avant le 10 janvier 2025. Veuillez inclure, à même le texte, une courte notice biographique (35 mots), un résumé du texte, ainsi que votre adresse courriel et postale.

Les personnes qui aimeraient d’abord soumettre un résumé d’intention (250-500 mots) sont invitées à le faire avant le 1 octobre 2024.

Les propositions non afférentes aux dossiers (critiques, essais et analyses sur différents sujets en art actuel) sont aussi les bienvenues (consultez la politique éditoriale).