1- Je ne souhaite pas être reconnu en tant qu’artiste de performance, ni même porter ce titre.

Je me perçois plutôt comme un artiste visuel qui use de la performance, mais qui peut autant se servir de livres, de multiples, d’enregistrements audio, de la vidéo, etc., selon l’occasion, en réaction à une idée ou à une situation particulière que je désire explorer ou présenter.

2- Je décrirais mon travail de performance comme des « démonstrations » d’activités artistiques ou de situations.

3- Mes premières performances publiques datent de 1995 : on m’avait demandé de faire partie d’une exposition comprenant des installations où chaque artiste était responsable de trouver et de délimiter son espace. Étant donné que l’exposition n’avait pas lieu dans la ville où je vivais, j’ai choisi de faire quelque chose en public, aux coins des rues (ce fut la première présentation de Sounding Off, une œuvre qui a par la suite été présentée à Helsinki (Finlande), Sackville (N.-B.) et Montréal. C’était, en partie, une solution pratique, mais aussi une façon utile de présenter mes « activités » d’artiste, activités qui, souvent, utilisent le son comme élément prépondérant, mais pas nécessairement dans le but d’en arriver à un produit final (enregistrement audio, concert, émission radiodiffusée, installation sonore, par exemple). La performance en public me sembla alors le moyen le plus propice de partager ces activités qui, jusque là, étaient surtout produites dans l’intimité (relative) de ma maison ou de mon studio.

4- J’ai toujours pensé que l’art le plus intéressant n’était pas préoccupé par la production d’objets (comme la peinture, le dessin ou la sculpture), mais était plutôt une activité tournée vers l’exploration d’idées et de concepts. La performance, selon moi, est l’une des manifestations de cette conviction.

5- Je crois que mon travail de performance se différencie du spectacle ou du théâtre de plusieurs façons. Même si parfois mes vêtements pourraient être vus comme des costumes, ce sont aussi des vêtements qui peuvent être portés dans la vie de tous les jours. Même si, d’une certaine façon, je joue un rôle lors de certaines performances, je cherche aussi à rester moi-même, dans le sens où je ne me base pas sur un scénario qui détermine mes paroles et mes actions (il y a, en fait, très peu de paroles lors de mes performances), mais qui cherche plutôt à accomplir certaines tâches prédéterminées de la manière la plus routinière et non-théâtrale possible. Enfin, j’ai évité (jusqu’ici) de participer à des performances fondées sur le modèle scène/spectateur, préférant travailler dans un contexte de galerie (faisant des performances au sein d’installations, le plus souvent durant les vernissages) ou dans des endroits publics, réalisant la plupart du temps des trucs non prévus et non annoncés aux coins des rues ou dans espaces publics. Dans les deux contextes, je ne demande pas et ne m’attends pas à ce que les gens s’attroupent et forment un public, ou même qu’ils s’arrêtent de faire ce qu’ils font pour m’accorder leur attention ne serait-ce que 20 secondes. Je voudrais plutôt leur permettre de me rencontrer spontanément comme n’importe quel individu dans un lieu quelconque. A cette fin, j’ai beaucoup résisté aux tentatives préméditées de documenter mon travail, de façon à ce que mon « statut » soit le plus près possible de celui de toute autre personne dans la même situation – tout en sachant que c’est impossible – , que ce soit dans une galerie ou dans la rue.

Daniel Olson, Daniel Olson
Cet article parait également dans le numéro 40 - Performance
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