Nelson Henricks

Dominique Sirois-Rouleau
Musée d’art contemporain de Montréal
du 17 novembre 2022 au 10 avril 2023
Nelson-Henricks
Nelson HenricksNelson Henricks, vue d’exposition, 2023.
Photo : Paul Litherland
© Nelson Henricks
Musée d’art contemporain de Montréal
du 17 novembre 2022 au 10 avril 2023
Nelson Henricks présente, au Musée d’art contemporain de Montréal, deux nouvelles installations vidéos, dont Don’t You Like the Green of A ? (2022), qui s’inspire de projets précédents sur le thème de la synesthésie. Ce phénomène neurologique entraine, chez les synesthètes, une sensation supplémentaire dans un autre sens que celui par lequel elle est normalement perçue – par exemple, comme l’examine l’artiste, la perception d’un son à la vue d’une couleur. 

Avec une série de tableaux monochromes face à un mur peint en damier dans les mêmes teintes, la première salle s’apparente à un véritable foisonnement sensoriel. La matière des toiles est diaphane comme des bas nylon et évoque dans ce contexte la membrane vibratoire d’un tympan. Disposés en rang ordonné jusqu’à leur dispersion finale vers la projection lumineuse du mur adjacent, les tableaux empruntent des couleurs plutôt naturelles. En effet, loin des sonorités des couleurs primaires et secondaires explorées par Vassily Kandinsky, Henricks propose un champ lexical complexe et nuancé. Pas de bleu orgue, de jaune trompette ni de rouge violon, mais des tons que l’artiste associe aussi à des lettres. Le motif du damier épèle donc le titre de l’œuvre, une réflexion qui est notamment au cœur de la vidéo. On y voit Henricks, stoïque, s’approcher d’un micro de différentes couleurs, se balader, parader ou poser sur une musique rythmée. Portant la chemise et la veste exposées au centre de l’installation – dont le motif imprimé est identique au damier sur le mur –, il devient lui-même un agent perturbateur sensoriel. Entre les lettres, les couleurs et les sons, la vidéo constitue un savoureux buffet synesthésique. Le calme composé et narquois de l’artiste fait par ailleurs planer la possibilité d’un message codé et augmente l’humour fantaisiste de la proposition.

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Cet article parait également dans le numéro 109 - Eau
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