Mathieu Grenier
Bleu somnolence : 33 %

En lien avec son travail de revalorisation esthétique des composantes électroniques, Mathieu Grenier présente chez B-312 deux corpus de cyanotypes géants et de collages numériques en une installation aussi cartésienne qu’apocalyptique.

La série de cyanotypes The Monitors évoque inévitablement les rayogrammes de Man Ray qui, comme Grenier, parvenait par la transsubstantiation photographique à saisir l’âme des objets les plus insignifiants. La comparaison s’arrête toutefois devant l’ampleur impressionnante des représentations sur coton et le travail spécifique du pigment dépourvu exceptionnellement de ses tonalités cyan naturelles. Le jeu de composition noir et blanc qui atteint parfois deux mètres surplombe le corps. Les contrastes francs comme des déchirures blanches dans l’image alternent avec d’autres transcriptions plus nuancées laissant paraitre çà et là des taches et trainées de pigments rappelant l’ouvrage de Grenier. Les matières reconnaissables suggèrent des déchets, des éléments électroniques et le froissement d’un papier ou de plastique très fin. Ce raffinement des textures imprimées se double à celle de la toile de sorte que l’on prend acte de la matérialité qui sous-tend la représentation éthérée. Les pièces dé-fonctionnalisées et magnifiées par le processus photographique s’apparentent en effet à des apparitions fantomatiques d’objets pourtant persistant dans l’espace non-pictural. Cette tension entre la lenteur appliquée de la représentation empreinte d’une certaine nostalgie et l’univers accéléré de consommation qui la nourrit renvoie à la permanence des matériaux issus d’un système mercatique précisément fondé sur leur impermanence.