Le Projet Peinture – The Painting Project

Claire Moeder
Galerie de l’UQAM, Montréal,
du 1er mai au 1er juin 2013 (Volet 1)
et du 7 juin au 6 juillet 2013 (Volet 2)
Le Projet Peinture, vue d’exposition (Wanda Koop; Team macho; Louis-Philippe Côté), Galerie de l’UQAM, Montréal, 2013.
photo : L.-P. Côté, © Galerie de l’UQAM

Le Projet Peinture est une exposition transversale de la peinture canadienne actuelle. Ambitieux projet présenté en deux temps à la Galerie de l’UQAM, il se veut autant un « panorama » qu’un « instantané » de la peinture, selon les commissaires Julie Bélisle et Louise Déry qui ont sélectionné soixante artistes. Les deux volets de l’exposition recomposent librement dans l’espace les sections du catalogue – figures du réel ; univers de fiction ; peinture comme sujet ; pratiques hybrides – sans pour autant les dupliquer. L’accrochage privilégie des combinaisons fortes, où les commissaires ont joué sur les affinités et les écarts formels entre œuvres. Sur les murs de la galerie, les tableaux se répondent immédiatement dans l’opposition ou la similitude de leurs formes, couleurs et matériaux. L’équilibre de l’accrochage tient pour beaucoup dans ce voisinage dynamique. Il maintient l’exposition en tension et lui donne une inflexion formaliste singulière plutôt qu’une approche géographique ou thématique.

Le premier volet combine les œuvres sous le signe de la forme géométrique et des textures. Il propose une entrée dans la couleur, la monochromie et ses variations à la surface des tableaux, pour se diriger ensuite vers les effets d’optique possibles dans les formes géométriques de Marie-Claude Bouthillier ou d’architectures complexes de Hugo Bergeron. Les expérimentations abstraites y prédominent et la figure humaine tient une place timide, présente dans les œuvres de Christine Major ou Mario Doucette.

Le parti pris d’un accrochage contrasté du premier volet qui joue des antagonismes et des motifs éclectiques ne se répète pas dans le deuxième volet. Les écarts extrêmes entre les formats, basculant des miniatures de Team Macho au large paysage de Wanda Koop ou entre les compositions saturées de Kent Monkman et évidées de Pierre Dorion laissent place à un accrochage uniforme et plus strict. Ce volet procède par séquences linéaires d’œuvres partageant entre elles des affinités de tons ou de motifs. Il montre une inclinaison vers une peinture davantage matérielle et tangible où les artistes Wil Murray, Jeremy Hof ou Janet Werner expérimentent le volume, la densité ou encore la mixité du médium. Une large place est donnée au paysage, aux variations multiples allant des motifs effacés de Kym Greeley aux formes empâtées de DaveandJenn.

Le Projet Peinture compose, avec ces deux volets, un parcours à plusieurs souffles qui laisse aux œuvres l’espace propice à la déambulation du spectateur autant qu’il provoque de solides collisions. Les commissaires éclairent des similitudes inattendues ou proposent de fortes oppositions pour produire le lien juste dans le voisinage de certaines œuvres afin d’éviter de tomber dans une vision didactique de la peinture canadienne.

Claire Moeder
Cet article parait également dans le numéro 80 - Rénovation
Découvrir

Suggestions de lecture