Guillaume Adjutor Provost
Matériellement rien, potentiellement tout

Maude Johnson
Diagonale, Montréal, du 28 avril au 10 juin 2017
Provost_Matériellement rien
Guillaume Adjutor Provost Matériellement rien, potentiellement tout, vue d'exposition, Diagonale, Montréal, 2017.
Photo : © Guy L'Heureux
Diagonale, Montréal, du 28 avril au 10 juin 2017
Guillaume Adjutor Provost raconte, par le truchement d’une multitude de références mythiques, ses recherches sur le bar montréalais Nuit Magique (1976-1983). Se voulant d’après l’artiste un « acte de mémoire », l’exposition investit une période historique en faisant appel aux figures littéraires de Spiros Zafiris, Leonard Cohen et Henry Moscovitch. Or, ce qu’elle met en lumière, en plus des relations qui se sont développées dans le contexte de Nuit Magique, ce sont surtout celles qui se tissent au sein du corpus et dans l’actualité de l’exposition même – entre les œuvres, les matériaux, les temporalités, les disciplines, les publics, les histoires.

Formes et fonctions entrent en tension dans la galerie. Le rapport entre les œuvres Night Magic (1985-2017) et Moondance (2017), par exemple, est éloquent : le textile et le ciment dialoguent et se correspondent tout à la fois. Dans Night Magic, l’affiche originale du film éponyme (1985) et la facture de son acquisition par l’artiste sont insérées dans un t-shirt en filet rose pâle. L’assemblage est apposé sur un large panneau du même tissu. Les trois éléments de Moondance flottent, quant à eux, à bonne hauteur à travers la salle, chacun composé de six demi-sphères en ciment reliées dans une configuration rappelant le noyau d’un atome. Ainsi, la gravité associée au médium de Moondance contraste avec la transparence et la légèreté manifeste de Night Magic. La relation entre ces deux œuvres complexifie les récits d’incarnation ou de corporalité qui en émanent parallèlement. Le vêtement est habité par une forme symbolique, évocatrice d’une temporalité plutôt que d’une physicalité ; l’absence du corps s’en trouve intensifiée. À l’inverse, les pièces en ciment rappellent le moule duquel elles proviennent et consolident précisément ce corps, ici visible et affirmé, qui semble soustrait, lointain, dans Night Magic.

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Cet article parait également dans le numéro 91 - LGBT+
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