Confluences_vuedexposition
Confluences : Rites de rivière, vue d'exposition, SBC galerie d'art contemporain, Montréal, 2022.
Photo : Freddy Arciniegas - Arcpixel, permission des artistes
SBC galerie d'art contemporain, Montréal
du 28 avril au 2 juillet 2022
En 2017, la Nouvelle-Zélande déclarait officiellement le fleuve Whanganui personne morale. Cette décision, qui visait à pallier les limitations du droit environnemental pour faire face aux conséquences exponentielles, voire irréversibles, des activités humaines sur la nature, représente un précédent inestimable. Elle statue que le fleuve constitue une entité vivante au même titre que l’humain en s’appuyant sur les cosmologies maories, reconnaissance que revendiquent les Maori·e·s depuis les années 1860. Véritable révolution du droit, cette approche écocentrique s’inscrit dans un mouvement international où nombre de pays, dont le Canada (rivière Magpie–Muteshekau Shipu) et la Colombie (fleuve Atrato), reconnaissent des droits fondamentaux aux cours d’eau. En misant sur l’interdépendance entre les rivières et les communautés qui évoluent à leurs côtés, ces déclarations juridiques permettent d’établir des paradigmes réfractaires à ceux de l’extractivisme capitaliste. Les projets présentés dans le cadre de l’exposition Confluences : Rites de rivière à la galerie SBC, commissariée par Gwynne Fulton, proposent une exploration de ces enjeux.

Pour aborder cette reconfiguration ontologique, Daniel Torres propose, avec la vidéo Superficies/Surfaces (2020), une rencontre du fleuve Atrato et de ses allié·e·s. En effet, si le fleuve est empreint de subjectivité, quelles sont nos obligations morales à son endroit ? Torres approche le cours d’eau en interrogeant des membres des communautés qui le côtoient et en leur demandant de se mettre à la place de celui-ci. Les résultats de cet exercice d’empathie sont unanimes : tous ressentiraient de la colère et un malêtre en réaction aux maux qui lui sont infligés. Torres illustre l’équilibre délicat entre le fleuve et les communautés riveraines ainsi que la réciprocité de cette relation sous le spectre funeste du maintien des activités d’extraction minière illicites. À travers un portrait sensible du fleuve, l’artiste souligne les limites et les difficultés de la mise en œuvre des déclarations juridiques tout en insistant sur ce message que l’Atrato cherche à nous faire entendre : l’interdépendance du vivant.

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Cet article parait également dans le numéro 106 - Douleur
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