Robert-Houle-Zero-Hour
Robert HouleZero Hour (détail), 1988.
Photo : permission de Agnes Etherington Art Centre, Queen's University, Kingston

Asin : ce que la roche a à dire sur l’anxiété nucléaire

Cody Caetano
J’ai commencé à être en proie à l’angoisse nucléaire après que ma sœur et moi avons emménagé dans le logement ­abandonné du sous-sol, que nos parents louaient parfois pour arrondir leurs fins de mois. À l’apogée de notre séjour, nous avons mangé des Frosted Flakes en regardant le Godzilla (1998) de Roland Emmerich, une première version hollywoodienne, pléthorique et chauvine, de la franchise de kaijū du studio TOHO.

S’ouvrant sur une scène d’essai nucléaire français en Polynésie au cours de laquelle un nid d’iguanes est irradié – incident à l’origine du déchainement de l’éponyme du film sur la ville de New York des décennies plus tard –, le film est une mise en garde exagérée qui fait largement abstraction des angoisses de l’après-Seconde Guerre mondiale des Godzilla précédents. L’effroyable spectacle de monstres exploite plutôt l’appétit du public pour les catastrophes métropolitaines, l’espionnage, les faits dissimulés et les jeux de pouvoir de deux ténors de l’escrime. Le plan final, dans lequel l’unique progéniture de Godzilla émerge d’un Madison Square Garden en ruine, m’a laissé, à huit ans, avec une peur bleue des radiations, et il m’a fallu des décennies pour trouver un moyen d’échapper à ce sentiment de malheur imminent et aux possibilités infinies et terrifiantes de ce qui s’abattrait un jour sur moi et sur tous ceux que j’aime.

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108-Esse-Resilience
Cet article parait également dans le numéro 108 - Résilience
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