Ce que nous ne pouvons voir

Signée par le tandem de commissaires Art/Around, l’exposition Ce que nous pouvons voir présente chez SBC une vidéo et deux corpus photo produits par les artistes Hua Jin et Rafael Y. Herman. Les œuvres sont rassemblées pour leur mise en valeur de différents phénomènes météorologiques, autrement imperceptibles, sinon occultés, en exploitant leur potentiel esthétique dans une perspective aussi anxiogène que contemplative.

Dans ce contexte, Jin s’inspire des conversations sur la pollution de l’air de la région de Su Zhuan et propose une série de photos marquée par les variations chromatiques de la contamination du ciel. La douzaine d’horizons colorés offre un panorama de tons inusités allant du brun au rose en passant par les teintes de bleu, de vert et de violet. Le nuancier de dégradés, comme le sont notamment les levers et couchers de soleil, évoque ainsi autant les ciels pollués par les feux de forêt que les ondoiements des aurores boréales. Entre astres et désastres, les représentations éthérées sont organisées en une grille, voire un tableau périodique de la fin du monde où la trace de l’humain est sans équivoque, mais indirecte. En effet, les camaïeux apaisants annoncent en sous-texte une apocalypse latente et condensée dans une image vierge de tout indice d’humanité autre que sa marque indélébile sur l’atmosphère. Aucun élément construit ou même naturel ne s’immisce dans les photos. Par conséquent, nous sommes confronté·es à un néant irréconciliable avec notre vision anthropocentrique du monde.