UltralabTM

L’affaire des cartons piégés
En 1999, à tous les mois, dix faux cartons d’invitation prenant pour cible de grandes institutions et des galeries reconnues et une affiche récapitulative de l’ensemble furent adressés par voie postale aux personnalités du monde de l’art contemporain parisien. Ces modestes documents s’essayaient à tisser en creux toute une fiction paranoïaque, à coup de récits microscopiques véhiculés par les cartons et certains documents annexes qui mêlaient à plaisir le vrai et le faux (démentis, erratums, biographies d’artistes, dossiers de presses…). Ils parurent toucher juste, faisant ressortir les contradictions du milieu et provoquant en son sein une agitation complètement disproportionnée par rapport à l’acte matériel qui l’initia.
Les articles consacrés à « l’affaire » se succédèrent, et les pronostics sur l’identité des auteurs allèrent bon train. Ces derniers ne furent cependant jamais démasqués, alors même qu’ils paraissaient si proches du milieu qu’ils attaquaient. En décembre 1999, la critique Élisabeth Lebovici fit paraître dans le quotidien Libération un article de deux pages titré « L’affaire des cartons piégés » et accompagné d’un court entretien des auteurs, toujours dissimulés, qui livrèrent alors avec retenue quelques détails sur leur action.
En août 2000, le groupe UltralabTM fut officiellement créé à Paris sur les bases posées auparavant par plusieurs collectifs et revues créés auparavant par ses membres fondateurs. En octobre 2006, sept ans tout juste après le début de l’affaire des cartons piégés, deux membres du groupe UltralabTM révélèrent enfin le pot aux roses à Istanbul (Turquie) sous le titre 1999TM dans le cadre de l’exposition Rumour as media organisée par Stephen Wright.
Les membres d’UltralabTM ouvrirent également un site consacré à ce sujet (www.ultralab-paris.org/1999-cartons/) et publièrent un catalogue intitulé Samaran2 (« camouflages », en baha-indonésien), qui compilent désormais les rares traces de ce projet désormais fantôme.



