Guérilla de l’ordinaire

Julie-Michèle Morin
Théâtre de l’Affamée, Théâtre d’Aujourd’hui, Montréal, du 5 au 30 mars 2019
Théâtre de l’Affamée Guérilla de l’ordinaire, 2019. Photos : Mikael Theimer
Théâtre de l’Affamée, Théâtre d’Aujourd’hui, Montréal, du 5 au 30 mars 2019
[In  French]
Coécrite par les deux fondatrices du Théâtre de l’Affamée, Marie-Ève Milot et Marie-Claude St-Laurent, Guérilla de l’ordinaire est une proposition scénique aux qualités assurément féministes. Dans la fiction initiale, une militante a disparu depuis plusieurs mois et le public assiste à une vigie organisée par ses proches. La force de celle-ci est décuplée par l’insertion d’une série de courts échanges entre une foule d’individus où sont modélisées et discutées diverses situations d’oppression. La double logique du spectacle est fondée sur l’entrelacement entre le récit d’une disparition et une série de vignettes humoristiques où sont esquissés le sexisme, le capacitisme, l’homophobie, le racisme et la transphobie ordinaires.  

Ces scènes qui orbitent autour du récit matriciel exposent le quotidien des femmes à travers des expériences telles que l’intimidation sur les réseaux sociaux, la grossophobie en contexte publicitaire ou encore, le racisme et les standards normatifs de beauté dans l’industrie de la mode. Ces procédés contribuent à l’identification directe des militantes et militants à la narration, offrent des représentations à des individus traditionnellement invisibilisés sur scène et enfin, familiarisent un public néophyte à l’expérience théâtrale de ces enjeux. Cette véritable guérilla scénique est menée avec audace et bienveillance par Marie-Claude St-Laurent, Jonathan Caron, Maxime D.-Pomerleau, Maxime De Cotret, Myriam De Verger, Pascale Drevillon, Soleil Launière et Sarah Laurendeau, tandis que le travail sonore en direct, de la musicienne Mathilde Laurier et les magnifiques images vidéos de Caroline St-Laurent viennent ponctuer la représentation. Les interprètes demeurent constamment sur scène et le spectacle se fonde précisément sur une horizontalité et une constance des présences qui rappellent que l’écoute peut être la plus belle forme d’alliance.

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This article also appears in the issue 96 - Conflict
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