Endre Tót
Květoslava Fulierová et Július Koller

[In French]
La redécouverte des artistes ayant travaillé à l’Est durant les années de Guerre froide est décidément une grande leçon d’art et de vie. Et elle est toujours en cours, la preuve en est, deux expositions, au même moment, à Paris, permettent d’apprécier la pertinence de leur travail. C’est l’occasion de nous rendre compte à quel point leur art conceptuel, né comme le nôtre à la fin des années 1960, est beaucoup plus drôle, rusé (et finalement beaucoup plus sympathique). Ces artistes sont conceptuels par nécessité, par manque de matériel, par habilité à contourner les interdits, et drôles par défi, par courage. La recherche formelle n’est pas un but en soi mais un moyen d’expression détourné.
A la Salle principale, Endre Tót, artiste hongrois né en 1937, présente des œuvres historiques avec des rééditions plus récentes, l’artiste lui-même ayant perdu et retrouvé des œuvres laissées à Budapest au moment de son aller simple pour l’Allemagne en 1978. On découvre notamment comment il a fait de son rire sa signature et une critique de l’autoritarisme. En effet une série d’œuvres consiste en la mise en situation de phrases commençant par les mots I’m glad if/when, suivis d’une courte description tautologique. Elles sont inscrites sur des pancartes qu’il porte (I’m glad when it’s hanging on my neck) ou qu’il accroche dans la ville (I’m glad if this can hang here), des affiches qu’il colle aux murs (I’m glad if I can advertise on posters), le tout immortalisé par des photos comme traces des actions. Ou encore, dans une série de dessins intitulée Gladness Drawings (1973-1979), il griffonne ces phrases, commentant ici des gribouillis et ces formes sommaires esquissées sur des photos de lui riant aux éclats (Could I say I was glad drawing this?).
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