[In French]

1- Je me décris comme une « artiste de performance » (j’utilise parfois l’expression « artiste multidisciplinaire » – une définition qui ratisse encore plus large). Ces termes ne peuvent pas vraiment décrire ce que je fais, mais c’est tout de même cette forme d’art qui m’intéresse le plus et pour laquelle j’ai le plus d’affinités.

Venant des arts visuels, mes performances sont souvent basées sur des objets et des considérations spatiales. Voix, mouvements, matériaux, architecture, s’y croisent et s’y rejoignent. Je suis aussi séduite par l’intimité en temps réel implicite à la performance. Elle inclut inévitablement la présence des autres, ce qui ouvre la porte à des aspects incontrôlables propres à chaque situation. Dans mon travail, j’essaie de créer une image ou un geste forts ou même violents, cherchant ensuite à les contrecarrer en diffusant ceux-ci dans une multitude de détails. C’est dans ces détails que chaque situation est créée et c’est ce que je cherche à comprendre par la performance.

2- J’hésite à (sur-) définir la performance parce que je crois que le fait de nommer peut être un processus réducteur. « L’art de performance » est une expression ambiguë et difficile à définir en soi, car elle semble faire allusion aux « arts de la performance » ; mais cette forme d’art est elle-même aussi difficile à saisir à cause de son absence apparente de références.

Mon intérêt particulier pour la performance se trouve dans sa « présence » le fait que ce soit un art vivant avec l’artiste et le spectateur. La performance est un processus événementiel en ce qu’elle n’est pas la représentation d’une situation, mais une situation en soi. Cette action directe rend les positions de l’artiste et du spectateur précaires; leur relation, instable.

Je crois aussi qu’il est important de considérer la performance comme une pratique éphémère et changeante. Elle peut se présenter sous diverses formes. La performance et les arts qui tiennent de la performance existent par conséquent plutôt en marge des définitions.

3- Je fais de la performance depuis 8 ans. J’ai une formation en arts visuels et suis arrivée à la performance parce que mes sculptures et mes installations devaient être animées physiquement.

Mon travail de performance change continuellement et a intégré, avec le temps, plusieurs pratiques : le travail « mis en scène », l’intervention et la performance-installation.

5- Selon moi, les arts de la scène, en termes très généraux, fournissent un espace de présentation/représentation dans lequel les artistes sont en contrôle des effets désirés. La structure d’un « spectacle » est établie et le spectateur, comprenant ceci, se distancie de l’œuvre et s’attend souvent à être diverti passivement. A l’opposé, la performance, selon mon expérience, est un événement où l’artiste pose une série d’inconnues qui doivent être comprises hors des conventions théâtrales ou linéaires. Cependant, il semble y avoir plusieurs œuvres se situant entre ces deux définitions, empruntant de diverses disciplines, ce qui fait qu’en bout de ligne, j’apprécie et juge plutôt le travail individuel pris comme tel plutôt que le genre dans lequel ce travail s’inscrit.

Rachel Echenberg, Rachel Echenberg
This article also appears in the issue 40 - Performance
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