Kader Attia
Pluvialité

[In French]

Kader Attia sera bientôt au Louvre pour « Leçons d’artiste ». L’occasion est donc excellente pour revenir sur Pluvialité, son exposition personnelle, présentée à l’automne à la galerie mor charpentier à Paris. Cette dernière faisait suite à la rétrospective Descente au Paradis que le MO.CO. a consacré à l’artiste, à Montpellier, à l’été 2024.

Si le titre de l’exposition du MO.CO. souligne un paradoxe – on monte généralement au paradis ou on descend en enfer –, ce paradoxe est moins évident à repérer dans Pluvialité, même si l’exposition présentait, à côté du film diptyque éponyme, un ensemble de pièces caractéristiques du travail de l’artiste français d’origine algérienne. Entre radicalité formelle, symbolisme des objets et engagement politique fort, sa démarche à la fois interculturelle et interdisciplinaire articule des concepts de colonisation, d’oppression, de blessures et de réparation. Ainsi, le public peut interpréter le sens des calebasses marquées de cicatrices qui rappellent la méthode du kintsugi japonais ; l’installation des flaques rouges au sol évoquant du sang ; des coutures sur une toile se donnant à voir pour ce qu’elles sont, c’est-à-dire des réparations. En revanche, les interventions de l’artiste peuvent aussi être interprétées comme un geste de réappropriation, notamment dans Reenactment (2024), qui montre deux masques l’un sur l’autre. Sans titre (2024), composée de vingt-et-un bâtons de pluie reliés à des pieds en métal et actionnés par un moteur pour qu’ils se balancent dans un mouvement continu, est une œuvre qui dégageait une indéniable tension. À la fixité du support répondait une puissante cascade sonore et l’on ne savait plus ce qui était le plus hypnotique des deux. Était-ce la « chorégraphie » pensée avec un vrai sens de la dramaturgie, ou l’imprégnation par l’ouïe de ce son si particulier, en écho à la « pluvialité » du titre et du film ?