
Photo : permission de la galerie Les filles du calvaire, Paris
du 17 janvier au 18 mai 2025
[In French]
La photographe espagnole Laia Abril présente au BAL le troisième volet de l’imposant projet Une histoire de la misogynie, dans lequel elle donne forme à une généalogie du contrôle coercitif des corps féminins. Après s’être penchée sur le viol et l’avortement, elle s’intéresse à une notion dont l’appellation est désormais sujette à caution, l’« hystérie de masse » (maintenant nommée « psychose collective »). Observé et étudié depuis au moins le 15e siècle, ce phénomène toucherait majoritairement les femmes – qui succombent alors les unes après les autres à des symptômes variés : transe, tics, miaulements, glossolalie, hallucinations, hoquets, raidissements, syncopes, rires incontrôlés, etc. – et se produirait surtout dans les espaces collectifs féminins (couvents, écoles, usines...).
Le projet d’Abril, qui s’organise à partir d’une quête méticuleuse d’archives témoignant de ces manifestations transhistoriques et transculturelles, n’épargne aucune aire géographique. Sont ainsi présentés plus de 60 dossiers, consultables sur place, mais aussi 3 installations photographiques et audiovisuelles prenant appui sur des cas récents. Dans chacune d’entre elles, des photographies en noir et blanc prennent de biais les évènements – la paralysie collective des élèves d’un pensionnat mexicain, l’évanouissement en série des ouvrières d’usines textiles au Cambodge et la vague de tics et de convulsions dans un lycée aux États-Unis. Abril produit des images incarnant une histoire sans vouloir l’illustrer ; le mystère demeure palpable devant ce qu’on devine à peine – un gâteau d’anniversaire, un caméléon séché, des pattes de poulet, une statue de Vierge consolatrice… Les témoignages, enregistrés ou diffusés sur des écrans, offrent par bribes des récits concordants ou discordants qui suggèrent des explications, plus ou moins convaincantes : l’exposition à des produits chimiques, des troubles mentaux, la violation d’interdits ancestraux, la possession par des esprits, des émotions typiquement féminines, le mimétisme, la simulation…
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