
Photo : Guy L’Heureux, permission de l’artiste
du 28 mars au 26 mai 2024
[In French]
Dans son exposition personnelle au titre aussi poétique que cryptique, James Gardner proposait une immersion dans un montage lumineux de temps, de matériaux et d’iconographies qui parvenait, de manière radicale, à caractériser et habiter ce qui fait la spécificité poétique de l’espace de l’image : la complexité temporelle qui y œuvre et la puissance transcendantale – spirituelle ? – de la matière, qui, bien au-delà de sa vocation de véhicule de la représentation, porte en elle l’ « aura » de l’œuvre.
Sur trois murs, une suite d’œuvres à l’iconographie directement inspirée des icônes byzantines, que l’artiste a pu observer lors d’un séjour passé dans des sites monastiques de Grèce et de Turquie. De ces vestiges d’une ère où l’icône n’était non pas « représentation », « tableau » ou produit de « l’art », mais bel et bien l’image de la présence divine signifiée par la feuille d’or, Gardner retient également la tangibilité très matérielle de ces productions souvent mangées par les vicissitudes du temps. Sur une toile de jute badigeonnée de gesso, cet enduit avec lequel les peintres du Moyen-Âge préparaient leurs panneaux de bois, Gardner sculpte une image dégradée : plus qu’une simple composition faisant écho à l’iconographie sacrée des icônes, c’est une image du temps qui est passé dessus – image qui craque, dont des pans manquent, mais dans laquelle on arrive encore à distinguer ici un nimbe, là une posture ou un geste, une architecture. Une peinture qui force à l’anamnèse malgré un temps qui n’a pas vraiment encore passé.
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