Les textes proposés (de 1 500 à 2 000 mots maximum) peuvent être envoyés en format lettre US (DOCX ou RTF) à redaction@esse.ca. Veuillez inclure, à même le texte, une courte notice biographique (35 mots), un résumé du texte, ainsi que votre adresse courriel et postale.

Les personnes qui aimeraient d’abord soumettre un résumé d’intention (250-500 mots) sont invitées à le faire au moins 3 mois avant la date de tombée. Les propositions non afférentes aux dossiers (critiques, essais et analyses sur différents sujets en art actuel) sont aussi les bienvenues. Un accusé de réception sera envoyé dans les 7 jours suivant la date de tombée. Si vous ne l’avez pas reçu, nous vous invitons à communiquer avec nous pour vérifier la réception de votre texte.

No. 113 : Plastiques
Date de tombée : 1er septembre 2024

Le plastique, dont l’invention remonte au 19e siècle, fait uniquement partie intégrante de notre vie depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. À cette époque, les possibilités qu’offre ce nouveau matériau explosent dans tous les marchés et les consommateurs et consommatrices en demandent toujours plus. On imagine même des maisons entières faites de plastique : en 1956, les architectes Alison et Peter Smithson présentent « la maison de l’avenir » à la Daily Mail Ideal Home Exhibition, à Londres. Compte tenu de la rapidité et de la voracité avec lesquelles le plastique s’empare des imaginaires, on peut se demander si notre but n’était pas de fusionner l’humanité avec cette invention à la fois durable et malléable. Aujourd’hui, nos corps sont chargés de plastique : des chercheurs et chercheuses ont récemment découvert des particules de microplastique dans le sang humain. Nous consommons le plastique. Nous en achetons et en utilisons, mais nous en buvons et en mangeons également. La prolifération du plastique dans les environnements terrestres et marins modifie l’écologie de la planète et altère la biochimie des organismes vivants – nous nous transformons littéralement en plastique.

Le mot « plastique » est lié au concept élastique de la plasticité, terme dont le sens a varié au cours de la dernière décennie, selon qu’il est employé dans le domaine de la philosophie féministe des sciences, des nouveaux matérialismes ou des études queers et trans. Dérivée du grec plassein, qui signifie à la fois « donner » et « recevoir » une forme, la plasticité caractérise la malléabilité des systèmes vivants. Les théoricien·nes féministes et queers vantent sa promesse intrinsèque : la déstabilisation des formes figées ou essentielles dans les registres du genre, du sexe et de la neurobiologie. De la chirurgie plastique d’affirmation de genre à la mutabilité du genre, la plasticité, voire le plastique, est indéniablement queer.

Même si la malléabilité du plastique indique une variation des processus et des formes, la production industrielle de ce matériau est devenue un marqueur géologique permanent de l’anthropocène. Le plastique étant produit à une échelle plus grande que tout autre matériau en raison de sa résistance intrinsèque et de son utilité, les géologues se basent sur les particules de polymère pour localiser le début d’une nouvelle époque géologique – celle du plastique ou « plasticocène ». Les chaines carbonées qui composent le plastique le rendent extrêmement durable – un de ses principaux attraits, mais aussi un grave défaut. En effet, nous vivons avec plus de déchets de plastique que ce que la planète peut supporter, et nous continuons de produire ce matériau à une vitesse telle que nous n’avons pas le temps de le recycler et de le réutiliser. En 2008, dans l’éditorial du numéro 64 (Déchets), la rédactrice en chef parle de l’inquiétude face à cette crise. Elle explique que les artistes et les auteurs et autrices de ce numéro perçoivent le déchet comme « un objet riche (ou lourd) de sens, possédant un important bagage culturel et historique, le potentiel de susciter la réflexion et le pouvoir d’être transformé en œuvre d’art ». Les artistes travaillent avec des matériaux recyclés et réfléchissent au recyclage depuis les premières sociétés humaines. Même si leurs efforts sont inspirants et mènent parfois à de nouvelles percées dans la création artistique, il est difficile de ne pas s’abandonner au défaitisme. Pendant que les entreprises échappent à la surveillance gouvernementale et contournent les règlements, ce sont les consommateurs et les consommatrices qui portent le poids de la responsabilité.

Les possibilités qu’offre le plastique sont infinies. C’est peut-être pour cela qu’il a été proclamé matériau du futur lorsque les Smithson ont présenté leur maison-spectacle. Or, cette maison était une simulation. Elle nous rappelle que le mot « plastique » est rapidement devenu synonyme de superficiel et artificiel. Pour beaucoup de gens, le plastique représente un idéal inatteignable : la beauté éternelle, l’immortalité, l’existence douce et brillante d’une bimbo. Cette préoccupation se reflète notamment dans la série d’autoportraits de l’artiste contemporaine Cindy Sherman, série issue d’une expérimentation récente des filtres Instagram. Par ailleurs, il va sans dire que la chirurgie plastique offre des possibilités incroyables. Un accès sûr à la chirurgie d’affirmation de genre est crucial, mais les modifications corporelles devraient aussi être accessibles. Pensons par exemple à l’artiste « charnelle » Orlan ou à la musicienne et artiste de la performance Genesis P-Orridge et sa partenaire, Lady Jaye Breyer P-Orridge.

Pour le numéro 113, Esse arts + opinions invite les auteurs et autrices à considérer le sujet étendu du plastique et à soumettre des textes qui l’envisagent en tant que matériau, vision du monde, philosophie de vie ou pratique artistique. De quelle façon les artistes repensent-ils et elles leurs pratiques autour du plastique ? Comment interviennent-ils et elles dans un monde plastifié ? Y a-t-il du charme dans les déchets ? Que peut nous enseigner le plastique ? Qu’avons-nous appris de lui jusqu’à présent ? Sommes-nous lié·es à lui au point de ne plus pouvoir nous imaginer la vie sans lui ? Notre propre plasticité peut-elle nous aider à nous sortir de la crise actuelle ?

Les textes proposés (de 1 500 à 2 000 mots maximum) peuvent être envoyés en format lettre US (DOCX ou RTF) à redaction@esse.ca avant le 1er septembre 2024. Veuillez inclure, à même le texte, une courte notice biographique (35 mots), un résumé du texte, ainsi que votre adresse courriel et postale. Un accusé de réception sera envoyé dans les 7 jours suivant la date de tombée. Si vous ne l’avez pas reçu, nous vous invitons à communiquer avec nous pour vérifier la réception de votre texte.

Les personnes qui aimeraient d’abord soumettre un résumé d’intention (250-500 mots) sont invitées à le faire avant le 1 juin.

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