103-JC-Roy-Perrin Sidarous_2020_Amphorae (mineral, floral)_Bradley Ertaskiran
Celia Perrin SidarousAmphorae (mineral, floral), impression au jet d'encre, 2020.
Photo : permission de l'artiste et de la galerie Bradley Ertaskiran
Dans la poursuite de ses recherches sur la matérialité de l’image et des objets, Celia Perrin Sidarous présentait à la galerie Bradley Ertaskiran une nouvelle exposition inspirée par l’idée de flotsam. Ce terme anglais, puisé dans le lexique de la navigation maritime, désigne les débris flottants qui, à la suite du naufrage d’un navire, s’agglutinent à la surface de l’eau. Pour concevoir son corpus, l’artiste a revisité ses propres archives photographiques afin de les amalgamer avec des images glanées dans des livres et des revues, ainsi que de menus objets. Opérant par découpage, collage, juxtaposition et superposition, elle a aggloméré ces fragments disparates, puis les a fixés au moyen de la photographie analogique. Il en résulte des œuvres d’une grande force poétique, à travers lesquelles les divers sujets se rejoignent, les matérialités s’enchevêtrent et les temporalités se télescopent.
Celia Perrin Sidarous
Flotsam, vues d’exposition, Bradley Ertaskiran, Montréal, 2021.
Photos : Maxime Brouillet

Parmi l’ensemble des photographies présentées dans cette exposition, l’œuvre André Malraux, Le musée imaginaire de la sculpture mondiale, NFR Paris, 1925 (2020) se démarque par son aspect épuré. Sur une plaque de marbre – qui n’est pas sans rappeler les rochers où vont s’achopper les débris à la suite d’un accident maritime –, l’imposant volume de l’écrivain est déposé, refermé. Sa tranche laisse entrevoir des signes de dommages causés par l’eau et sa couverture de tissu s’est décolorée par son exposition prolongée à la lumière. L’ouvrage semble s’être échoué parmi les autres objets de l’artiste. Mais peut-être n’est-ce pas là un hasard ? L’ambition de Malraux, en constituant cette somme photographique, était de rassembler en un même lieu des œuvres sculpturales variées aux origines temporelles et géographiques diverses. À l’exemple de Malraux, Perrin Sidarous conçoit chacune de ses œuvres en regroupant des artéfacts de provenances multiples. Ses images nous apparaissent dès lors comme autant de petits musées imaginaires, nous invitant à penser les éléments qui composent ses assemblages à travers les relations qui se tissent entre eux.

Cet article parait également dans le numéro 103 - Sportification
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