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Robin Meier & Ali Momeni The Tragedy of the Commons, vue d’installation, Palais de Tokyo, Paris, 2011.
Photo : Aurélie Cenno, © Robin Meier & Ali Momeni

La question de la cohabitation du vivant et de l’artificiel traverse l’œuvre de l’artiste suisse Robin Meier, lequel s’intéresse à l’émergence de l’intelligence et de l’aptitude à communiquer dans les systèmes naturels et technologiques. Synchronicity (2015), une installation réalisée en collaboration avec l’artiste André Gwerder et l’assistance d’experts en entomologie, explore les mécanismes synchroniques naturels des lucioles et des criquets à l’intérieur d’une biosphère artificielle. Dans le but d’agir sur le comportement de ces animaux de manière à rendre sensible l’intelligence du fonctionnement collectif, l’expérimentation génère une chaine dynamique de signaux communicants entre les êtres. Le cycle de l’œuvre est initié par les insectes : les effets de bioluminescence et de crissement sont modélisés, traduits ou associés à des signaux visuels et sonores émis par divers appareils, dont deux métronomes et des lumières clignotantes qui, à leur tour, influencent le comportement signalétique des animaux. Créant un écosystème dans lequel les éléments font preuve d’une intelligence réactive aux variations subtiles de leur environnement, le phénomène de synchronisation ici observé s’éloigne d’une logique purement anthropocentrique pour interroger les possibilités de transmission, d’adaptation et d’autorégulation dans les relations interespèces. La réflexion sociale que suscite le comportement des super-organismes est aussi mise en lumière dans The Tragedy of the Commons (2011). Développée avec l’artiste Ali Momeni et l’appui de laboratoires spécialisés en éthologie, l’installation montre le fonctionnement d’une colonie de fourmis Atta. Au moyen de caméras de surveillance et de microphones amplifiant l’acoustique de leurs mouvements et de leurs stridulations, on peut observer les fourmis réagissant à l’offre d’une ressource commune gratuite, soit une variété de nourriture aux couleurs et aux odeurs alléchantes. Or, si le titre de l’œuvre rappelle le conflit entre l’intérêt individuel et les biens communs, il désigne aussi l’impossibilité de montrer ce programme : le comportement collectif rendu visible aura plutôt servi à la conception d’algorithmes dits de colonies de fourmis.

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Cet article parait également dans le numéro 87 - Le Vivant
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