Par une adoption critique du point de vue sur l’anthropocène et la notion d’andscape (une version inclusive, adaptable et multiple du paysage, landscape) de Martin Prominski, architecte et théoricien du paysage, cet article entreprend une analyse détaillée de l’œuvre Landscape Painting, de Julius von Bismarck. Les photographies de grand format qui composent cette série toujours en développement donnent à voir des paysages naturels familiers, qui, en y regardant de plus près, ne sont pas exactement ce à quoi l’on s’attendait. Les extraits photographiés, tirés d’une scène supposément « naturelle », ont d’abord été peints en blanc, au vaporisateur, puis repeints de mémoire par de nombreux participants originaires des lieux, qui ont employé de la peinture acrylique reprenant les couleurs originales. La surface visible consiste donc en un matériau synthétique plutôt que naturel ou organique. Les notions d’artificiel et de naturel, de trouvé et de fabriqué deviennent ainsi non pertinentes. Les conséquences de cette œuvre sur l’appréhension du temps rejoignent les vues du philosophe Timothy Morton sur des phénomènes tels que les « hyperobjets ».
[Traduit de l’anglais par Sophie Chisogne]
Nature, temps et anthropocène : Julius von Bismarck et la peinture du paysage
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