La politique de l’indignation : Ai Weiwei, l’art et l’activisme

Alice Ming Wai Jim
Ai Weiwei, Study of Perspective - Tiananmen, 1995.
photo : Ai Weiwei
Ai Weiwei (Beijing, 1957-) est un symbole vivant de la lutte pour les droits de la personne. Artiste, architecte et activiste réputé, il est devenu une personnalité planétaire malgré son confinement en sol chinois. En mai 2012, il faisait partie des trois récipiendaires du prix Václav-Havel de la dissidence créative accordé par la fondation Human Rights, et en octobre, la première rétrospective consacrée à son œuvre aux États-Unis, According to What?, prenait l’affiche au musée Hirshhorn de l'institut Smithsonian. Au vernissage, Ai brillait toutefois par son absence, son passeport étant retenu par les autorités chinoises depuis sa détention d’avril 2011 et sa subséquente assignation à demeure, sur des allégations d’évasion fiscale.

En Chine, l’inculpation pour crime économique est le prétexte habituel de l’État pour parer les accusations de violation des droits de la personne, et il est notoire que l’incarcération d’Ai est liée à ses démêlés avec la sécurité d’État au sujet de ses critiques cinglantes, en ligne et hors ligne, de la corruption du gouvernement et de la répression de la liberté d’expression. Selon Michael Wines, du New York Times : « Ai Weiwei est sans doute le plus célèbre des artistes chinois vivants et le critique le plus véhément du système – titres de gloire pour lesquels cet iconoclaste engagé n’a que du mépris1 1 - Michael Wines, « China’s Impolitic Artist, Still Waiting to Be Silenced », New York Times, 27 novembre 2009, www.nytimes.com/2009/11/28/world/asia/28weiwei.html ? pagewanted=all&_r=0. [Trad. libre]. » « Je suis peut-être juste un artiste dissimulé sous les traits d’un dissident, a déjà déclaré le contestataire : je me fiche des conséquences2 2 - Kerry Broucher, « Reconsidering Reality : An Interview with Ai Weiwei », dans Mami Kataoka, According to What ? (catalogue de l’expositon), New York et Londres, Hirshhorn Museum and Sculpture Garden, the Mori Art Museum and DelMonico Books, 2012, p. 39.. » Si l’on devait désigner un indigné célèbre parmi les artistes, ce serait lui, sans l’ombre d’un doute.

Or, la grande visibilité d’Ai Weiwei a souvent nui à la compréhension du lien qui unit ses œuvres et son activisme récents au phénomène des médias sociaux propre à l’ère du numérique. Depuis 2005 en effet, Ai se sert d’Internet et des médias sociaux comme lieux d’expression, tant dans sa pratique artistique que dans son militantisme politique, et commente les procédures judiciaires et les affaires de l’État sur son blogue personnel.

La participation sans précédent de 1 001 citoyens chinois issus de différents milieux et de différentes régions du pays, qui se sont rendus, tous frais payés, à Kassel en Allemagne à la foire documenta 12(2007), dans le contexte du Fairytale Project d’Ai, est née d’une invitation ouverte publiée sur son blogue. Ai, qui a été le consultant chinois auprès de Herzog & de Meuron, la société suisse responsable du design du Stade national des Jeux olympiques de 2008 (le fameux « Nid d’oiseau »), s’est retrouvé brusquement au centre de l’attention internationale – et placé sous étroite surveillance par les autorités de son pays – quand il a ouvertement dénoncé les jeux comme étant une machine de propagande gouvernementale et déclaré publiquement qu’il regrettait d’avoir pris part à ce projet.

Il a dénoncé encore la corruption de son gouvernement en apprenant que parmi les quatre-vingt-six mille victimes du séisme du Sichuan, le 12 mai 2008, se trouvaient plus de cinq mille élèves du primaire enterrés vivants dans leurs écoles « en miettes de tofu », ces constructions de qualité médiocre, preuves de corruption et de négligence. Le refus du gouvernement chinois de rendre des comptes et de révéler le bilan des morts ou l’identité des jeunes victimes ont poussé Ai à collaborer avec des activistes et des bénévoles sur le terrain à une « enquête citoyenne », dans le but de trouver les noms des disparus et de les afficher sur son blogue, devenu tribune virtuelle de cette campagne. Assez exceptionnellement, Ai a pu tenir son blogue pendant quatre mois sans être inquiété par les autorités ; mais le premier anniversaire du séisme, en 2009, a marqué le début de la censure et de la destruction systématiques, par le Bureau de sécurité publique, des billets publiés par Ai. Cela n’a pas découragé, toutefois, ses efforts et ceux de ses collaborateurs pour obtenir le minimum de respect dû aux morts : « Le droit civique le plus élémentaire de chaque personne est le droit à son identité3 3 - Ai Weiwei, Ai Weiwei’s Blog : Writings, Interviews, and Digital Rants, 2006-2009, présentation et traduction anglaise de Lee Ambrozy, Cambridge, MIT Press, 2011, 211 p.. »

À mesure que la liste des élèves victimes du séisme s’allongeait sur le mur de son studio de Beijing, l’activité d’Ai s’est multipliée : il s’est fait microblogueur engagé, a tourné des documentaires, a été mis en vedette dans le film d’Alison Klayman, Ai Weiwei: Never Sorry (2012), et a créé de multiples œuvres dans le but de commémorer et de faire connaître le désastre des écoles. Cong (2008-2011), notamment, est composée de la liste des victimes et de 123 lettres de divers ministères régionaux qui refusent de divulguer de l’information sur le sujet. Pour l’installation Remembering (2009), qui orne la façade de la Haus der Kunst de Munich, et le serpent vert et gris de Snake Ceiling (2009), Ai a utilisé des centaines de sacs à dos d’écolier qui rappellent le souvenir des victimes laissées pour compte, tandis que Straight (2008-2012), une installation au sol inaugurée au musée Hirshhorn, donne à voir trente-huit tonnes d’armatures d’acier récupérées sur le site du tremblement de terre et redressées tant bien que mal.

Ai Weiwei, Remembering, vue d’installation | installation view,
Haus der Kunst, Munich, 2009.
photo : Jens Weber
Ai Weiwei, Snake Ceiling, vue d’installation | installation view,
Hirshhorn Museum and Sculpture Garden, Washington, 2012.
photo : Cathy Carver

La persistance de l’enquête citoyenne a valu à Ai Weiwei d’être détenu par la police à l’aéroport international de Pékin, alors qu’il était en route vers Hong Kong, le 3 avril 2011, sans qu’aucune accusation officielle ne soit formulée. Il a été maintenu en isolation dans un lieu secret pendant quatre-vingt-un jours, au cours desquels il a été interrogé une cinquantaine de fois. Sa disparition forcée a provoqué un tollé international et soulevé les réactions des principaux établissements du milieu des arts, par le biais des communautés muséales en ligne : la Tate Modern, à Londres, a installé une énorme pancarte sur laquelle on pouvait lire « Release Ai Weiwei [Relâchez Ai Weiwei] », et le Guggenheim, à New York, a obtenu cent quarante mille signatures sur sa pétition « Free Ai Weiwei [Libérez Ai Weiwei] », un message aussi imprimé sur des fourre-tout de toile pour la Biennale de Venise, en 2011. L’assignation à résidence d’Ai a finalement été levée le 22 juin 2011, mais à cause des enquêtes continues dont il fait l’objet, sa résidence est demeurée étroitement surveillée et on lui a interdit de quitter Beijing jusqu’en juin 2012.

Cela dit, avant même cette année complète de « détention modérée », Ai avait créé la sculpture de marbre blanc Surveillance Camera (2010), ainsi que Marble Arm (2007) – cette dernière n’étant pas sans évoquer sa série de photos « avec doigt d’honneur » de monuments et sites importants, comme la place Tian’anmen ou la Maison-Blanche. En avril 2012, date anniversaire de son arrestation, il diffusait sa propre émission de téléréalité sous surveillance, depuis son site weiweicam.com, en un geste absurde de « sousveillance » à la Steve Mann4 4 - Steve Mann, « “Sousveillance”: inverse surveillance in multimedia imaging », Proceedings of the 12th annual Association for Computing Machinery (ACM) international conference on Multimedia, New York, 2004, p. 620–27.. Sans grande surprise, le site a été fermé après deux jours. Cela n’empêche pas Ai de violer ouvertement ses conditions de libération en continuant de gazouiller, de donner des interviews et de cultiver ses relations médiatiques.

Il a publié des textes d’opinion dans le Guardian et sur CNN, en plus d’être le rédacteur invité du numéro bilingue « Made in China » du magazine britannique d’actualité et de politique New Statesman. Produit pour la première fois en format PDF et téléversé sur des sites de partage de fichiers, afin de franchir « la grande muraille informatique » (le pare-feu de la censure chinoise), le numéro du 19 au 25 octobre 2012 contient des articles de fond sur le Tibet, la persécution des défenseurs des droits de la personne, l’autocensure et le « parti à 50 cents », appellation péjorative désignant l’armée de commentateurs en ligne payés par le gouvernement chinois pour faire dérailler le débat citoyen sur Internet. On y trouve également des entrevues, dont l’une avec le protégé d’Ai, l’artiste Zhao Zhao (Xinjiang, 1982-). Zhao a été l’assistant d’Ai pendant sept ans. Il a filmé bon nombre de ses documentaires politiquement controversés depuis 2004, y compris Lao Ma Ti Hua (Disturbing the Peace), sur l’attaque policière dont Ai a été victime à Chengdu en août 2009, alors qu’il était dans la capitale provinciale pour témoigner au procès du défenseur des droits civiques Tan Zuoren, en rapport avec les incidents du Sichuan.

Zhao a fait les manchettes récemment à titre de « Weiwei de la relève ». Une pleine cargaison de ses œuvres, chargée à destination de ce qui aurait été une exposition solo de premier plan pour ce jeune artiste, à la Chambers Fine Arts de New York, a été confisquée par les douaniers du port de Tianjin, dans le nord de la Chine. Parmi les biens saisis se trouvait Officer (2011), une gigantesque statue en ruine ayant les traits de l’artiste. Contrairement à certaines de ses œuvres antérieures (les trente-deux morceaux de Toothpicks, une œuvre de 2007, proviennent d’un morceau de bois — datant de la dynastie Qing — piqué à Fragments, une installation d’Ai créée en 2005), Officer n’est pas un readymade : elle a été produite en collaboration avec des artisans dont le métier remonte à la dynastie Han (de 206 A.C. à 220 A.D.), dans les carrières du Quyang, un comté du sud-ouest de Beijing réputé pour ses sculptures destinées à l’exportation.

La pratique de Zhao se mesure aisément à l’aune des préoccupations de son mentor à l’égard d’un phénomène qui se répand en Chine, celui de la culture shanzhai (la circulation de tout et de n’importe quoi, depuis les téléphones cellulaires jusqu’aux œuvres d’art, sous forme de faux ou de reproduction des objets originaux). Ainsi, la première sculpture publique d’importance d’Ai, Circle of Animals/Zodiac Heads (2010), ne fait pas référence uniquement au pillage par les troupes françaises et britan­niques, en 1860, des sculptures de la dynastie Qing à Yuanmingyuan, le somptueux « jardin des jardins » (aujourd’hui appelé « l’ancien palais d’été ») ; elle renvoie aussi à la récente controverse entourant le rapatriement d’antiquités chinoises et certaines grandes maisons de ventes aux enchères5 5 -  Le 3 novembre 2012, la maison anglaise Bonhams annulait la mise aux enchères de deux artefacts provenant du Yuanmingyuan. C’était la première fois qu’une maison étrangère annulait la vente aux enchères d’objets culturels chinois. Lu Qianwen, « Lost But Not Forgotten », Global Times, 8 novembre 2012, www.globaltimes.cn/content/743198.shtml..

Tandis que Zodiac Heads est en tournée mondiale depuis 2010, l’œuvre de Zhao, Officer, pourtant inoffensive (si ce n’est du matricule de l’agent, qui correspond à la date d’arrestation d’Ai en 2011), n’a pas réussi à sortir de Chine. Mais l’artiste ne la récupère pas pour autant : même si Zhao pouvait payer l’amende salée – environ 50 000 $ CA – qu’on lui a imposée (chef d’accusation : fraude fiscale, comme Ai), il pourrait au mieux voir son œuvre une dernière fois avant qu’elle soit détruite ; il devrait ensuite régler la facture de la démolition6 6 - Ulrike Knöfel, «China Cracks Down on Ai Wei Wei Protege Zhao Zhao », Der Spiegel, Online International, 8 août 2012, www.spiegel.de/international/world/in-china-artists-like-zhao-zhao-face-political-oppression-a-851403.html..

Si Ai est le plus connu des dissidents dans les milieux de l’art à travers le monde, il n’est pas le seul à avoir été injustement arrêté, détenu ou forcé à disparaître au début de 2011, au moment de la plus impitoyable chasse aux cybermilitants et blogueurs politiques qu’on ait vue depuis des années en Chine. Dans le sillage des soulèvements et des manifestations au Moyen-Orient, la prompte réaction de l’État chinois répondait à un appel en ligne à une « révolution du jasmin ». Inspirée des révoltes en Tunisie, cet appel en faveur de la démocratie lancé le 19 février 2011 convoquait des manifs éclair dans plus d’une douzaine de villes chinoises, en des lieux de promenade convenus. Comme pour le printemps arabe de 2011, une grande part de l’organisation des activistes prodémocratiques dépendait, au moins en partie, de l’accès à Internet pour échapper au contrôle strict de la censure. À la suite des événements, plus de deux cents activistes du continent ont été confinés à demeure, vingt-six, emprisonnés, de nombreux comptes et blogues internet prestement condamnés7 7 - Beijing (AsiaNews / Agencies), « More than 200 arrests to quell the “jasmine revolution” in China », AsiaNews.it, 2 avril 2011, www.asianews.it/news-en/More-than-200-arrests-to-quell-the-jasmine-revolution-in-China-21187.html..

Ai, apparemment, n’avait rien à voir avec la Révolution du jasmin, mais il est toujours harcelé, non seulement pour son militantisme ­quotidien en faveur des droits de la personne façon Web 2.0, mais à cause aussi du conflit entre son image d’artiste superstar et son art hautement politisé. Ses détracteurs l’accusent d’être un clown, un « faux » (ses ­dernières œuvres ont été réalisées par d’autres), carriériste, opportuniste et fauteur de troubles qui déforme, avec l’appui de l’étranger, les subtilités chinoises ; ils demandent si on reconnaîtrait quelque valeur aux œuvres de l’artiste, n’eurent été sa réputation d’activiste et sa célébrité. Ai n’est pas sans savoir que son image d’agent provocateur fait monter le prix de ses œuvres. La Tate a récemment acquis Sunflower Seeds, formée d’environ huit millions de pièces peintes à la main, pour 782 000 $US. Il y avait à l’origine cent millions de ces « graines », qui tapissaient mille mètres carrés de sol du pavillon Turbine de la Tate. Beaucoup ont été simplement « ramassées » ou piétinées par les visiteurs que l’on encourageait à marcher sur l’installation, jusqu’à ce qu’elle soit entourée d’un cordon de sécurité pour des raisons de santé, à cause de la poussière de céramique.

Ai Weiwei, Sunflower Seeds, 2010.
photo : Tate Photography, permission de l’artiste |
courtesy of the artist

Pour apprécier le caractère intuitif des dernières œuvres d’Ai ainsi que leur relation à ses « provocations politiques indignées », on devra donc reconnaître l’attention minutieuse qu’elles prêtent à Internet et à son potentiel en tant que plateforme du changement social, et la façon qu’elles ont de l’intégrer de facto. Depuis 2008, cette intégration se fait essentiellement par le phénomène du mème, grâce à des messages diffusés sur des fichiers image ou comportant des fautes d’orthographe volontaires afin de contourner la censure. Par exemple, l’installation rampante composée de trois mille deux cents crabes en porcelaine, He Xie (2010), est davantage qu’un pied de nez à la censure informatique. Les mots qui désignent le crabe des rivières, he xie, sont en effet des homonymes du mot harmonie, un euphémisme populaire en Chine pour désigner indirectement la censure gouvernementale ; mais l’installation fait référence également aux circonstances dans lesquelles Ai a « célébré » la démolition par l’État de son nouveau studio de Shanghai, fruit de deux années de travail : il avait régalé ses invités de dix mille crabes de rivière, une spécialité locale saisonnière, en guise de symbole de leur appui à son activisme politique.

Ai Weiwei, He Xie, vue d’installation | installation view, Hirshhorn Museum and Sculpture Garden, Washington, 2012.
photo : Cathy Carver

Témoignant de la ténacité de son sens de l’humour quelles que soient les circonstances, sa plus récente vidéo, une facétie du même genre, est diffusée sur YouTube depuis le 24 octobre 2012. Il s’agit d’une parodie du succès planétaire Gangnam Style, du rappeur sud-coréen Psy. (Gangnam est l’un des quartiers les plus prospères de Séoul, auquel Psy se trouve lui aussi à lancer une pique, incidemment.) Dans la cour de son studio de Beijing (et en contraste avec le méga centre commercial clinquant devant lequel Psy évolue), Ai, accompagné de ses collègues, fait la danse du galop caractéristique, habillé d’un t-shirt rose vif, d’un blazer noir et de lunettes fumées – celles-ci disparaissent à un moment pour être promptement remplacées par une paire de menottes. La version de quatre minutes tournée par Ai du mème le plus « remixable » de l’année est intitulée Grass Mud Horse Style, en référence à une chanson d’enfant dont le sujet est le combat victorieux d’un animal mythique ressemblant à un alpaga (« le cheval d’herbe et de boue »), contre le méchant crabe de rivière pour s’emparer d’un pâturage fertile. Depuis 2009, le cheval d’herbe et de boue de la légende, dont le nom désigne aussi, en Chine, les censeurs d’Internet, est l’un des « animaux homonymes » les plus populaires, certainement parce que la prononciation peut en faire un terme très cru (cao ni ma, avec une autre inflexion, devient « n*que ta mère »). Le mème s’est répandu, en ligne et hors ligne, jusqu’à ce que les autorités réagissent et que tous les mots clés « critiques » référant à… n’importe quoi, des t-shirts aux peluches, soient censurés ou « harmonisés ». Le contraste entre la vidéo d’Ai, immédiatement bloquée par les autorités sur les multiples plateformes internet de Chine, et le Gangnam Style de Psy, avec son record de visionnements (plus de onze millions par jour en moyenne depuis son lancement à la mi-juillet 2012) ne rend que plus visible l’affolement de l’État devant le pouvoir des médias participatifs quand ils sont exploités pour l’action politique.

Ai Weiwei, Ai Weiwei dancing Gangnam Style, 2012.
photo : Ai Weiwei
Ai Weiwei, Ai Weiwei dans un ascenseur, entouré des policiers qui l’ont arrêté, Sichuan, Chine, août 2009 |
Ai Weiwei in the elevator when taken in custody by the police, Sichuan, China, August 2009.
photo : Ai Weiwei

En octobre, New Statesman révélait qu’Ai, qui croit malgré ses cent soixante-dix mille fans que Twitter est un support médiatique éphémère, « avait promis, inquiet de se répéter, d’arrêter de gazouiller d’ici la fin de 20138 8 - Sophie Elmhirst, « Ai Weiwei: “If Someone Is Not Free, I Am Not Free” », New Statesman, 11 octobre 2012, www.newstatesman.com/media/media/2012/10/ai-weiwei-if-someone-not-free-i-am-not-free. Exploitant la faveur des mèmes sur Internet en Chine, Ai s’est servi du cheval d’herbe et de boue dans d’autres vidéos et d’autres œuvres, notamment dans un autoportrait particulièrement obscène intitulé Grass Mud Horse Blocking the Centre (2011), où on voit l’artiste faisant un saut dans les airs, avec un alpaga en peluche en guise de cache-sexe. ». C’est possible – on ne connaît pas l’avenir. N’empêche qu’on peut déjà affirmer que l’esprit de dissidence créative et critique en matière de droits de la personne auquel s’est abreuvé le militantisme en ligne d’Ai Weiwei et d’autres comme lui restera longtemps parmi les greatest hits politiques.

[Traduit de l’anglais par Sophie Chisogne]

Ai Weiwei, Alice Ming Wai Jim
Cet article parait également dans le numéro 77 - Indignation
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