_Blinken_Concrete_Exhibition
Blinken OSA Archivum Concrete Exhibition, 2008, détail.
Photo : © Márta Rácz

La bibliothèque et la reconstruction d’un passé rejeté

Olindo Caso
Zsófia Bene
La bibliothèque, dans sa forme contemporaine, est une « plateforme » en constante mutation1 1 - Richard David Lankes, Expect More: Demanding Better Libraries for Today’s Complex World, Jamesville, Riland Press, 2012., une « infrastructure sociale2 2 - Shannon Mattern, « Library as Infrastructure », Places Journal (juin 2014), . » qui soutient, qui supporte les gens, les collectivités et la créativité individuelle. Du point de vue physique, les collections ne déterminent plus autant qu’elles l’ont déjà fait la valeur des bibliothèques. Mais elles n’en continuent pas moins d’abriter des documents qui nourrissent les explorations particulières, tant par leur contenu que par leur matérialité. La bibliothèque publique, aujourd’hui, poursuit une quadruple mission : elle est à la fois lieu d’apprentissage (exploration), lieu d’inspiration (stimulation), lieu de rencontre (participation) et lieu de performance (création)3 3 - Henrik Jochumsen, Casper Hvenegaard Rasmussen et Dorte Skot-Hansen, « The Four Spaces—A New Model for the Public Library », New Library World, vol. 113, nº 11/12 (2012), p. 586-597.. L’aspect de la performance a explosé depuis dix ans en réaction à la montée du « faire » (espaces de bricolage, ateliers de fabrication numérique), un mouvement qui suit l’actuel virage de notre société vers une économie ancrée dans la culture et centrée sur le design et la créativité4 4 - Scott Lash et John Urry, Economies of Signs and Space, Londres, Sage, 1994 ; Pier Luigi Sacco, « Culture 3.0: A New Perspective for the EU 2014–2020 Structural Funds Programming », EENC–European Expert Network on Culture, Bruxelles, European Commission, 2011, < http://bit.ly/2fXwA2r > ; George Ritzer, Paul Dean et Nathan Jurgenson, « The Coming of the Age of the Prosumer », American Behavioral Scientist, vol. 56, nº 4 (2012), p. 379-398..

Dans cet esprit, les consommateurs de connaissances deviennent des producteurs de connaissances (des « prosommateurs »), qui trouvent dans la bibliothèque publique un milieu idéal pour leurs créations. Il est important de souligner que ce phénomène ne se limite pas aux technologies de pointe ni à la littératie numérique : bien qu’il soit crucial pour le processus qui consiste à rendre accessible au plus grand nombre une variété d’applications (quasi professionnelles) destinées à l’invention, à la gestion et à l’exploitation, il touche également l’artisanat, la lecture, l’écriture, la peinture et la musique. La valeur des bibliothèques contemporaines en tant que lieux de performance tient de plus à cette capacité qu’elles ont de faire converger divers moyens d’expression, d’encourager l’expérimentation et l’hybridation de différentes formes de créativité conduisant à la production de contenus personnels originaux pouvant être partagés avec la collectivité5 5 - Lawrence Lessig, Remix: Making Art and Commerce Thrive in the Hybrid Economy, Londres, Bloomsbury, 2008..

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Cet article parait également dans le numéro 89 - Bibliothèque
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