Kari Noe Kilo Hōkū, Ho¯ku¯le‘a, capture de la simulation de réalité virtuelle, 2019.
Photo : Kari Noe

Kilo Hōkū : L’orientation selon le peuple hawaïen

Austin Henderson
« Je ne pense pas qu’on puisse créer quelque chose de percutant en travaillant seul dans son coin. En tant qu’artiste, je suis le filtre principal par lequel passe le projet, mais je porte la responsabilité de représenter adéquatement la communauté et le milieu avec lesquels je collabore1 1 - Kari Noe, entrevue par courriel avec ­l’auteur, le 16 novembre 2018.. » – Kari NoeAinsi s’exprime Kari Noe, artiste et chercheuse hawaïenne née et élevée sur l’ile de Kaua‘i. Noe fait partie d’un réseau d’artistes et d’intellectuels de la région du Pacifique qui revoient et remettent en question les points de vue mondiaux sur les communautés croisées et diasporiques du Pacifique, de la Polynésie, de l’Asie et des territoires autochtones d'Océanie2 2 - Pour obtenir un portrait complet des artistes asiatiques et transpacifiques contemporains, voir Margo L. Machida, « Pacific Itineraries: Islands and Oceanic Imaginaries in Contemporary Asian American Art », Asian Diasporic Visual Cultures and the Americas, vol. 3, no 1-2 (mars 2017), p. 9.. Ses travaux récents ont permis de faire connaitre au public diverses facettes de la culture et de l’histoire hawaïennes. L’œuvre Kilo Hōkū (2017-), en particulier, a contribué à cette visée de sensibilisation parce que, justement, elle consiste en un outil pédagogique interactif. Dans une pratique collaborative et axée sur la communauté, Noe se distingue en parvenant à rejoindre de très près des publics divers, de manière à encourager les échanges et à favoriser le partage de savoirs ancestraux entre Hawaïens et non-Hawaïens qui, les uns comme les autres, ont avantage à se familiariser avec les pratiques culturelles et les récits de l’archipel.

Les insulaires du Pacifique sont constamment confrontés au sentiment d’infériorité que vivent les peuples des iles relativement isolées. À propos de son enfance à Kaua‘i, l’artiste confie : « Il faut beaucoup d’effort pour se convaincre qu’on peut être plus que ce que les autres attendent de nous. Et c’est bien peu, ce qui est attendu de quelqu’un qui habite une petite ile. Quand on vient du milieu de nulle part, à cause des médias et d’autres puissantes entités, on est convaincu qu’on ne peut pas mettre fin à quelque cycle que ce soit ni renverser le statuquo dans lequel notre famille ou notre communauté est prise3 3 - Kari Noe, op. cit.. »

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Cet article parait également dans le numéro 98 - Savoir
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