Ibrahim Mahama, Coal Market
Ibrahim MahamaCoal Market, château Strünkede, Herne, 2018.
Photo : Frank Vinken, permission de Ruhr Kunst Museum, Herne.

Jute, travail enchevêtré et capitaux internationaux

Sarah Amarica
Depuis quelques années, l’artiste ghanéen Ibrahim Mahama retient l’attention internationale avec sa série en cours, Occupations (2012-), qui consiste à draper des éléments du patrimoine architectural dans du jute. Dans le cadre de ce projet, Mahama transforme de vieux sacs de jute, utilisés à l’origine pour le transport du cacao et du charbon au Ghana, en vastes chapes ou sortes de tentes dont il recouvre des lieux publics à une échelle monumentale.Ce texte sur les installations de Mahama propose en quelque sorte une histoire du jute lui-même, tout en faisant la lumière sur les nombreux processus de travail qui imprègnent chaque parcelle de matière et les œuvres dans leur ensemble. Par son utilisation du jute dans sa série Occupations, Mahama soulève des questions fondamentales sur les différentes formes de travail industrialisé qui sont occultées par le capitalisme actuel.

Out of Bounds (2015), un des plus imposants projets de l’artiste à ce jour, a été réalisé pour la 56e Biennale de Venise. L’installation occupait un corridor de 300 mètres de long et était constituée de 3000 kilogrammes de jute. Les lourds panneaux de toile brute en lambeaux dominaient l’espace et les passants. Cousues par endroits dans le jute, des grappes de babioles et d’objets domestiques, dont des étiquettes, de la corde tressée ou du filet, dévoilaient la façon dont ces sacs avaient été fabriqués, identifiés et échangés à l’origine. Sur certains panneaux, on voyait des marques de commerce ou la mention « produit du Ghana », tandis que d’autres affichaient des dates ou des indications faisant état de précédents déplacements, propriétaires ou usages.

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Cet article parait également dans le numéro 94 - Travail
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