86_DO06_Bronstein_Simon_Paperwork, and the Will of Capital
Taryn Simon Paperwork, and the Will of Capital, vue d’installation, 56th International Art Exhibition, Venice Biennale, Venise, 2015.
Photo : permission de l'artiste & Gagosian Gallery

Des bouquets (im)possibles

Noa Bronstein
Au 17e siècle, le peintre néerlandais Jan van Huysum (1682-1749) a peint des natures mortes représentant des bouquets impossibles, soit de somptueux assemblages de fleurs qui, à l’époque, ne fleurissaient pas à la même saison ou sous les mêmes latitudes. Ses compositions illusoires compressaient le temps et l’espace ; grâce à l’invention artistique, elles reconstruisaient la nature, devançant les techniques horticoles modernes.

Quelques siècles plus tard, des bouquets impossibles réapparaissent, mais sous une forme plus trouble, plus obsédante. C’est la mondialisation, d’abord et avant tout, qui permet aujourd’hui leur matérialisation, même si les moyens de transport et de communications modernes, avec leur capacité de comprimer le temps et l’espace, y sont aussi pour quelque chose. Grâce au marché mondial de la fleur coupée, les compositions qui autrefois relevaient de l’illusion sont désormais faciles à assembler. Cela n’empêche pas aujourd’hui des artistes de s’employer à créer d’autres genres de bouquets impossibles, en utilisant la flore pour dévoiler les réalités géopolitiques de la territorialisation et de la marchandisation de la nature. Les œuvres de Taryn Simon et d’Yto Barrada, notamment, mettent au jour les formes complexes et ironiques que prennent les bouquets impossibles dans notre monde contemporain.

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