Cassils_Advertisement_HomagetoBenglis
Cassils Advertisement: Homage to Benglis, 2011.
Photo : Cassils & Robin Black, permission de l'artiste & Ronald Feldman Fine Arts, New York

De la plastie du corps chez Cassils

Anne-Marie Dubois
Les réflexions contemporaines sur le corps, sa technologisation, sa marchandisation, sa médicalisation et ses liens étroits avec le néolibéralisme occupent une place prépondérante au sein de la pensée queer et redéfinissent la pratique de plusieurs artistes actuel.le.s. Privilégiant la subversion, l’ironie ou l’humour comme modalités artisticopolitiques, les artistes de la multitude queer1 1 - J’emprunte la locution à Paul B. Preciado, qui en privilégie l’emploi au sigle LGBTQIA et qui met en exergue la contingence de divers mouvements militants à l’extérieur du territoire de l’hétéronormativité. Beatriz Preciado, « Multitudes Queer : notes pour une politique des “anormaux” », Multitudes, nº 12 (février 2003), Paris, Exils, p. 22. se réapproprient les stratégies mises en place par le système hégémonique hétéronormatif de manière à en déboulonner la teneur coercitive. À travers les performances sexopolitiques2 2 - Ibid., p. 17 : « La sexopolitique est une des formes dominantes de l’action biopolitique dans le capitalisme contemporain. Avec elle le sexe entre dans les calculs de pouvoir, faisant des discours sur le sexe et des technologies de normalisation des identités sexuelles un agent de contrôle de la vie. » de l’artiste trans Cassils, nous assistons à l’emploi des techniques disciplinaires de contrôle des corps et des sexualités par l’artiste.

En droite filiation avec les artistes féministes et certaines œuvres canoniques des années 1960 et 1970, illes3 3 - L’artiste s’identifie comme personne trans non conforme aux définitions établies de genre et souhaite que son nom soit remplacé par le pronom « illes » (contraction de ils et elles) dans le texte. adopte à son tour une pratique engagée et militante, mais cette fois-ci éclairée par l’intersectionnalité des luttes4 4 - L’intersectionnalité a trait à la consubstantialité des formes de discrimination (genre, classe, race, sexe, sexualité, âge, capacité, etc.) et aux rapports de coconstruction qu’ils entretiennent dans l’élaboration de l’identité. Kimberlé Williams Crenshaw et Bonis Oristelle, « Cartographie des marges : intersectionnalité, politique de l’identité et violences contre les femmes de couleur », Cahiers du genre, n° 39 (février 2005), p. 51-82, <bit.ly/1brMLRp>. et le refus de la pensée binaire. L’identité n’est plus considérée comme un bloc monolithique, mais se fait dorénavant stratégique et multiple. 

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Cet article parait également dans le numéro 90 - Féminismes
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