Appropriation. Table ronde

Jean-Philippe Uzel
Johanne Lamoureux
Stéphane Martelly
Caroline Monnet

Modérée par Jean-Philippe Uzel

Jean-Philippe Uzel : Pourquoi organiser une discussion sur l’appropriation artistique alors que tout le monde parle d’appropriation culturelle ? On pourrait penser que ce thème est un petit peu étrange ou même suspect. Est-ce qu’il n’y aurait pas là un « agenda caché » ? Est-ce que l’appropriation artistique n’aurait pas pour finalité de justifier, en fin de compte, l’appropriation culturelle ? Il me semble important de répondre en deux mots à ces interrogations, et donc d’expliquer le pourquoi de cette table ronde. Tout d’abord, il me semble regrettable que le mot « appropriation » soit devenu un mot chargé, un mot qu’on a du mal à employer. L’appropriation artistique est une sorte de victime collatérale des débats sur l’appropriation culturelle. Or, cela est dommage parce que la technique de l’appropriation artistique, ce qu’on appelle aussi « art d’appropriation », irrigue tout l’art moderne et l’art contemporain et reste centrale pour comprendre les pratiques en art actuel. Il semble donc important de rappeler ce qu’est le geste d’appropriation dans le monde artistique. Ce qui est particulièrement intéressant, chez les artistes appropriationnistes, c’est qu’ils assument la dimension subversive de leur geste. Ils s’approprient quelque chose qui ne leur appartient pas, généralement une image faite par un autre artiste, un publicitaire ou un designer. Ils assument les conséquences, souvent juridiques, de ce geste violent. Or, lorsqu’on regarde du côté des artistes qui sont taxés d’appropriation culturelle, la dimension violente de leur geste est totalement niée. Je trouve ce contraste très intéressant et j’aimerais lancer le débat d’un côté sur ces artistes appropriationnistes qui assument leurs gestes transgressifs et, de l’autre côté, sur des artistes qui adoptent un profil éthique en se présentant comme les alliés des cultures qu’ils mettent en scène, même lorsque les membres de ces cultures minoritaires les contredisent.

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Cet article parait également dans le numéro 97 - Appropriation
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