Maclean

Dominique Sirois-Rouleau
Galeries Roger Bellemare et Christian Lambert, Montréal, du 25 janvier au 29 février 2020
MacleanVue d’exposition, Arts plastiques / Plastic Arts, Galeries Bellemare Lambert, Montréal, 2020.
Photo : Guy L’Heureux, permission des Galeries Bellemare Lambert, Montréal
Galeries Roger Bellemare et Christian Lambert, Montréal, du 25 janvier au 29 février 2020
McLean
Pain quotidien / Daily Bread, 2005-2019.
Photo : Guy L’Heureux permission des Galeries Bellemare Lambert, Montréal
[In French]

Issu de l’accumulation de plastique dans l’espace comme dans toutes les sphères de la vie moderne, le projet Arts plastiques de Maclean tente la transfiguration du rebut par sa mise en scène. Les objets de plastique amassés, classés et organisés par l’artiste se voient revalorisés par l’arrangement spatial et les compositions esthétiques bien au-delà de leur valeur matérielle. L’artiste transforme ainsi, par son geste ordonné et systématique, la surenchère effrénée du jetable en des artéfacts de notre civilisation.

Composées de pots de plastique remplis de petits accessoires, de jouets et de déchets aussi de plastique coloré, Colonne (2010-2019) et Pyramid (The Grand Scheme of Things) (2019) dominent le centre de l’espace. Les imposantes structures multicolores emploient le charme ludique des coloris et de leur agencement pour couvrir le drame même de leur existence. L’organisation chromatique des objets fait écho au tri méticuleux de l’artiste comme un appel à l’ordre dans un chaos exponentiel de plastique. En empruntant aux formes caractéristiques des vestiges des antiquités égyptiennes et gréco-romaines, ces sculptures confrontent aussi l’indestructibilité de leur matière à l’impermanence de la culture qui les a produites. Maclean pose alors la consommation et le gaspillage comme pierres angulaires de notre ère. T.A.R.P. et C.A.S.H. (2019) évoquent à ce titre l’amalgame vert de l’argent, de l’écologie, de la guerre et du plein air en présentant de la bâche peinte en vert ou à motif de camouflage découpée et empilée comme le seraient des billets de banque. La pérennité du matériau s’oppose à la volatilité des marchés et à la friabilité de l’environnement dans un équilibre précaire dépeint par la réclame faussement allègre « WHILE SUPPLIES LAST » de la toile Panneau de vente (While Supplies Last) (2020). Subordonnée à la constance de ses sources de revenus, mais, paradoxalement, sourde et aveugle à leur inévitable épuisement, l’euphorie industrielle parfait son œuvre commerciale avec une déconcertante exaltation que s’emploie à souligner Maclean.

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