Celia Perrin Sidarous

Toujours la coquille de l’autre always the shell of another

Anne-Marie St-Jean Aubre
Parisian Laundry, Montréal,
du 13 avril au 19 mai 2018
Siadrous_Toujours la coquille de l'autre
Celia Perrin Sidarous, Toujours la coquille de l’autre always the shell of another, vue d’installation, Parisian Laundry, Montréal, 2018. Photo : Maxime Brouillet, permission de l’artiste et de Parisian Laundry, Montréal
Parisian Laundry, Montréal,
du 13 avril au 19 mai 2018
Siadrous_Toujours la coquille de l'autre
Celia Perrin Sidarous
Toujours la coquille de l’autre always the shell of another, vue d’installation, Parisian Laundry, Montréal, 2018.
Photo : Maxime Brouillet, permission de l’artiste et de Parisian Laundry, Montréal
« Des coquillages comme des madeleines. » Cette phrase, écrite par Iliana Antonova, accompagne la deuxième exposition individuelle de Celia Perrin Sidarous présentée par sa galerie, comprenant une série de photographies, des objets en céramique et un film 16 mm. Rendues célèbres par Proust dans son roman À la recherche du temps perdu, les madeleines sont synonymes du phénomène de réminiscence, lorsque la mémoire ramène à l’esprit un souvenir lointain, souvent associé aux affects, dont on ne sait plus s’il nous appartient vraiment ou s’il réfère à une expérience collective, qui nous aurait été racontée et qu’on aurait étrangement faite sienne. Toute la démarche de Perrin Sidarous, dont les collages photographiques s’apparentent à de petits poèmes visuels, tient dans ce concept.

Véritables palimpsestes, les œuvres condensent en elles-mêmes plusieurs temporalités suscitées par leurs médiums aux connotations précises – le noir et blanc ou la couleur, la pellicule, la céramique – et les matières représentées. Minéraux, végétaux, poteries ou vestiges architecturaux érigés par l’être humain cohabitent et témoignent alternativement du temps long, du temps court et du temps cyclique. Alors que l’artiste a déjà usé de l’idée du point de vue pour évoquer le travail mémoriel, des ouvertures et des effets de cadrage dirigeant le regard, et les pensées qui l’accompagnent, du présent vers le passé ou le futur, ici, c’est plutôt le processus d’érosion, provoqué par la force des éléments – l’eau, le vent, le soleil –, qui engage cette réflexion. Exploré à travers une métaphore filée, il touche aussi bien au contenu qu’au traitement du film : les ruines grecques et leurs versions miniatures sont rongées au même titre que la pellicule, trouée ou surexposée par le soleil. La répétition ou le retour d’une même séquence, hoquet de l’esprit qui revisite un évènement passé pour l’observer à la lumière d’un contexte présent, est une autre stratégie formelle exploitée par Perrin Sidarous, qui en fait un procédé d’articulation du film et de l’exposition. Les mêmes céramiques existent ainsi dans leur matérialité, sur le socle trônant au centre de la galerie, dans leurs versions photographiques, présentées au mur, et dans leur fonction utilitaire, manipulées dans le film au sous-sol, ce qui provoque des sensations de déjà-vu.

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This article also appears in the issue 94 - Labour
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