Béatrice Balcou

L’économie des apostrophes

Camille Paulhan
La Ferme du Buisson,Noisiel (France), du 11 novembre 2018 au 10 février 2019
Béatrice Balcou
La Ferme du Buisson,Noisiel (France), du 11 novembre 2018 au 10 février 2019
Béatrice Balcou
Tôzai, 2018
Photo : Émilie Ouroumov, permission de La Ferme du Buisson
[In French]

Les œuvres de Béatrice Balcou, présentées sous la forme d’une petite rétrospective à la Ferme du Buisson, s’appréhendent en silence et dans un environnement singulièrement plus ascétique que celui du white cube.
Depuis plusieurs années, l’artiste a développé un travail dont le maitre mot pourrait sans doute être la discrétion, en s’appuyant sur des notions essentielles en art, envisagées comme des moyens de résistance : l’assistanat contre l’égo, le soin contre la domination, la lenteur contre la vitesse ou encore la contemplation contre le butinage effréné. L’exposition dévoile l’intégralité de ses Œuvres placebos, série d’objets en bois reprenant l’apparence d’œuvres d’autres artistes, qu’ils incarnent à la façon de doubles spectraux – en dépit de leur matériau, peu suspect d’évanescence – lors de répétitions de ses Cérémonies. Dans ces dernières, les œuvres choisies, réelles cette fois-ci, sont manipulées telles des pierres précieuses ou des statues de processions religieuses, depuis leur coffre de transport jusqu’au moment de la monstration. Ce rituel soigneux et silencieux offre aux participants d’observer une œuvre unique pendant un long moment rarement éprouvé lors des visites classiques d’exposition.


La trentaine d’Œuvres placebos ont été ici placées dans un environnement qui se veut antiautoritaire : très peu de socles ou même d’œuvres accrochées au mur, pour privilégier des présentations plus proches du sol. Par ailleurs, cette armée fantomatique sera réactivée tout au long de l’exposition : loin d’incarner des œuvres mortes, les Œuvres placebos évolueront dans les espaces en fonction des conditions météorologiques, seront remisées en réserve ou simplement déplacées de salle en salle. Le travail de l’artiste se nourrit de choses qui échappent à l’idée même d’exposition : la rumeur ou encore le caché, avec notamment la vidéo Tôzai (2018) dans laquelle sont manipulées précautionneusement des versions récentes de Canned Universe de Genpei Akasegawa, membre du collectif néodada japonais Hi-Red Center. Ces boites de conserve vidées puis ressoudées ne seront pas ouvertes mais simplement offertes au regard, visibles et invisibles en même temps.

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This article also appears in the issue 95 - Empathy
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