Andréanne Godin

Si bleu qu’est notre temps | As Blue As Our Time

Elise Anne LaPlante
AXENÉO7, Gatineau du 10 mars au 15 mai 2021
Andréanne Godin Si bleu qu’est notre temps | As Blue As Our Time, vues d’exposition, 2021. © ADAGP, Paris / SOCAN, Montréal (2021)
Photos : permission de l’artiste
AXENÉO7, Gatineau du 10 mars au 15 mai 2021
[In French]
La cime flottante d’un bouleau, transperçant un mur, attire d’abord notre attention dans l’exposition Si bleu qu’est notre temps | As Blue As Our Time d’Andréanne Godin. Comme une image figée, la traversée de la branche en suspension laisse entendre qu’un autre univers se trouve au-delà de cette première pièce. Placées en biais sur le sol, deux roches, chacune marquée d’une ligne de quartz, nous retiennent toutefois en tension le temps d’un instant. L’exposition étant conçue sur mesure pour les espaces d’Axenéo7, l’artiste, accompagnée de la commissaire Marie-Ève Charron, fait de l’architecture des lieux une partie intégrante de la mise en espace. Dans cette même pièce, une grande fenêtre invite le monde extérieur à prendre part à l’exposition ; la lumière du jour s’infiltre dans la salle et la réchauffe, tandis que les arbres que l’on aperçoit dehors entrent en dialogue avec l’installation. Un étroit passage cerné de draperies noires et opaques nous entraine enfin vers l’endroit où est absorbée l’extrémité des ramifications de la branche de bouleau.


Alors que nos déplacements étaient improvisés et désinvoltes dans le premier espace, une fois dans la deuxième pièce, c’est à une déambulation nocturne dans une forêt que nous prenons part. Un premier dessin grand format, suspendu à la verticale à quelques pas de l’entrée, nous accueille ; la faible lumière qui le surplombe s’intensifie, déclenchée par la nouvelle présence de notre corps. Après quelques instants pendant lesquels nous oscillons entre l’instabilité et le réconfort que provoquent à la fois l’obscurité, les quelques degrés ambiants en moins et la présence fantomatique d’autres issues boisées, une lumière qui s’active et s’amplifie graduellement à notre droite nous incite à emprunter un parcours. Cette chorégraphie lumineuse activée par nos déplacements donne ensuite à voir, petit à petit et pour un court laps de temps chacun, les aperçus de paysages forestiers qui s’enchainent sur de grandes bandes de papier, toutes suspendues au plafond à divers échelons par des dispositifs en bois naturel. Une forme d’intermittence est imposée par notre propre rythme dans la mesure où il devient nécessaire de bouger pour voir s’illuminer les œuvres. Autrement, notre immobilité nous replonge dans une pénombre presque complète, qui n’est pourtant pas dénuée de sensation : nous sentons la présence des œuvres flottantes, qui sont tout aussi dépendantes de la perception de notre présence pour s’activer.

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This article also appears in the issue 103 - Sportification
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